Résumé de la décision
La société Gasperment Serveis Entorn SLU, établie à Andorre, avait demandé le remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) acquittée sur des opérations réalisées entre avril 2011 et juin 2012. L'administration fiscale a refusé cette demande, entraînant un recours auprès du tribunal administratif de Montreuil, puis de la cour administrative d'appel de Versailles. Le 12 février 2015, cette cour a rejeté l'appel de la société. La société s'est pourvue en cassation, et le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, estimant qu'elle avait commis une erreur de droit en ne vérifiant pas si les opérations réalisées, bien qu'exonérées au Congo, auraient ouvert droit à déduction si elles avaient été situées en France. En outre, le Conseil d'État a ordonné à l'État de verser 3 000 euros à la société au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : La cour d'appel a fondé son refus de remboursement uniquement sur la condition d'exonération au Congo, sans examiner si les opérations auraient été imposables en France, en violation des obligations de droit. Le Conseil d'État a précisé que "la circonstance que [...] les prestations de service [...] auraient été utilisées pour les besoins d'opérations [...] exonérées [...] faisait obstacle à [...] la demande de remboursement", mais ce critère est jugé inopérant.
2. Droit à déduction : La société devait prouver que les opérations, si elles avaient eu lieu en France, auraient permis la déduction de la TVA. Le Conseil d'État a jugé que la cour d'appel n'avait pas suffisamment vérifié cette condition. "En se fondant sur ce seul motif inopérant", la cour a entaché son arrêt d’une erreur de droit.
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 271 : Cet article stipule que la TVA est déductible lorsque les opérations sont imposables. Il reconnait le droit à remboursement sous des conditions spécifiques pour les assujettis hors de l'UE : "Ouvrent droit à déduction dans les mêmes conditions que s'ils étaient soumis à la taxe sur la valeur ajoutée".
- Annexe II du Code général des impôts - Article 242-0 N : Cet article précise que les assujettis non établis en France peuvent obtenir le remboursement de la TVA si les biens et services sont utilisés pour des opérations qui ouvriraient droit à déduction en France : "Un assujetti non établi en France peut obtenir le remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée [...] dans la mesure où ces biens et services sont utilisés pour les besoins des opérations".
Cette décision réaffirme la nécessité d'une analyse approfondie des implications fiscales d'opérations réalisées par des assujettis étrangers, en prenant en compte le contexte spécifique aux règles de TVA, et souligne l'importance des critères de déduction au regard des législations nationales.