Résumé de la décision
La société Pevildis contestait l'ordonnance rendue par le président de la première chambre de la cour administrative d'appel de Nantes, qui avait rejeté sa requête tendant à l'annulation d'un jugement du tribunal administratif de Caen. Le motif principal de la contestation portait sur la conformité de la taxe instituée par l'article 302 bis KF du code général des impôts au droit européen, notamment à l'article 90 du traité instituant la Communauté européenne. La cour administrative d'appel avait déclaré la requête irrecevable en raison de son identité avec une question déjà tranchée par le Conseil d'État. Toutefois, le Conseil d'État a annulé cette ordonnance, considérant que la cour n'avait pas correctement appliqué les dispositions pertinentes du code de justice administrative. De plus, l'État a été condamné à verser une indemnité à la société Pevildis.
Arguments pertinents
1. Application incorrecte de l'article R. 222-1 : Le Conseil d'État a souligné que la cour administrative d'appel avait méconnu l'article R. 222-1 du code de justice administrative en décidant que la requête soulevait des questions identiques à celles déjà tranchées. En effet, certaines questions, notamment celles relatives à la conformité de la taxe avec le droit communautaire, n'avaient pas été retirées de l'examen du Conseil d'État dans sa décision précédente (n° 365037 du 2 juillet 2014).
Citation pertinente : "En faisant application du 6° de l'article R. 222-1 du code de justice administrative, alors que la requête soulevait, notamment, le moyen mentionné au point 2, auquel le Conseil d'État n'avait pas répondu dans la décision n° 365037 du 2 juillet 2014, la cour a méconnu ces dispositions."
2. Droit à une nouvelle appréciation : Le Conseil d'État a affirmé que la société Pevildis avait le droit à un nouvel examen sur des points non tranchés par le Conseil d'État, citant ainsi un principe fondamental du droit de la défense et du droit à un procès équitable.
Interprétations et citations légales
1. Article R. 222-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que certaines formations de jugement peuvent statuer par ordonnance sur des requêtes ayant des questions identiques à celles déjà tranchées. Cependant, il impose également aux juridictions de ne pas statuer sur des éléments non examinés ou non tranchés dans des décisions antérieures.
Citation : "Les présidents de tribunal administratif (...) et les présidents de formation de jugement des tribunaux et des cours peuvent, par ordonnance : / (...) 6° Statuer sur les requêtes relevant d'une série, qui, sans appeler de nouvelle appréciation ou qualification de faits, présentent à juger en droit, pour la juridiction saisie, des questions identiques à celles (...) tranchées ensemble par une même décision du Conseil d'Etat statuant au contentieux."
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Ce texte prévoit le remboursement des frais exposés par une partie, si elle a obtenu gain de cause, ce qui a été appliqué en faveur de la société Pevildis.
Citation : "Il est dit que les frais exposés par toute partie dans un litige administratif pourront être mis à la charge de l'Etat si la partie a obtenu gain de cause."
Le jugement du Conseil d'État renforce ainsi l'importance du respect des droits procéduraux et souligne que les juridictions administratives doivent soigneusement examiner tous les moyens soulevés par les parties avant de prendre une décision.