Résumé de la décision
La société Foncière Saint Gilles conteste un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, qui a rejeté sa demande de décharge de rappels de TVA notifiés à la suite d’une vérification de comptabilité. La vérification concernait la période durant laquelle la société Saint Gilles Sud exploitait un hypermarché, avant d'apporter cette activité à une autre société (SGS 2). La cour a annulé l'arrêt contesté en raison d'une erreur de droit, à savoir la confusion dans la notification de la proposition de rectification fiscale, qui ne permettait pas à la société d'exercer ses droits de défense. La cour a ordonné le renvoi de l'affaire à la cour administrative d'appel et a condamné l'État à verser une somme de 3 000 euros à la société Foncière Saint Gilles.
Arguments pertinents
1. Erreur de procédure : La cour a souligné que bien que l'administration fiscale ait été informée des changements de dénomination des sociétés, elle a continué à référencer la SAS Saint Gilles Sud dans ses documents, ce qui a créé une confusion quant à la désignation de la société à laquelle la proposition de rectification était destinée. La cour a affirmé que « cette erreur n'était pas de nature à provoquer une confusion sur le destinataire effectif de la proposition », une conclusion jugée erronée, car elle ne tenait pas compte du fait que cette désignation inappropriée pouvait priver la société de ses droits de défense.
2. Droit à la notification correcte : La cour a également stipulé que pour qu'une procédure d'imposition soit régulière, il est essentiel que la société concernée ait eu l'opportunité de faire valoir ses observations avant la mise en recouvrement de l'imposition. Cela implique une obligation pour l'administration de s'assurer que la notification a bien été effectuée auprès de la bonne entité.
Interprétations et citations légales
La décision repose sur une interprétation des dispositions relatives aux scissions dans le code de commerce et des droits fondamentaux en matière fiscale. En particulier :
- Code de commerce - Article L. 236-22 : Cet article autorise une société à apporter une partie de son actif à une autre, et stipule que l'entreprise apporteuse demeure solidairement responsable des dettes transmises. Cela signifie que les rappels d'imposition sont à la charge des deux sociétés en cas d'affaire impliquant un apport d'activités.
- Code générale des impôts - Droit à un recours effectif : Bien que le texte ne soit pas citée directement, le droit à un recours effectif en matière fiscale est implicite dans toutes les procédures et est soutenu par la nécessité d'une notification correcte des documents et des actes administratifs.
La cour a reconnu que l'erreur de désignation dans la proposition de rectification a potentiellement porté atteinte aux droits de la société à un procès équitable, en inférant que cette irrégularité pourrait avoir des conséquences sur la capacité de la société à contester les bases de l'imposition. Ce rappel souligne l’importance de procédures d’harmonisation des informations fiscales pour éviter des confusions qui pourraient nuire aux droits des redevables.