Résumé de la décision
La société Batouche Investissements a contesté la conformité à la Constitution de l'article 1840 W ter du code général des impôts, qui impose une amende de 150 euros par appareil récepteur de télévision pour les omissions ou inexactitudes dans les déclarations de la contribution à l'audiovisuel public. Le Conseil d'État a examiné la question de la constitutionnalité posée, qui portait sur les principes de proportionnalité, d'individualisation des peines, de droit de propriété et de principe d'égalité. Après analyse, il a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel, considérant que les griefs soulevés par la société n'étaient pas fondés.
Arguments pertinents
1. Proportionnalité et individualisation des peines : Le Conseil a estimé que le montant de l'amende de 150 euros, fixé par appareil récepteur, est justifié pour dissuader la fraude fiscale et permettre un contrôle efficace par l'administration. Il a affirmé que cette amende n'était pas manifestement disproportionnée par rapport à l'avantage que procurerait un défaut de déclaration. « En fixant le montant de la sanction à 150 euros par appareil récepteur, elles instituent une sanction forfaitaire qui ne revêt pas, en elle-même, ni au regard de l'avantage procuré par un défaut de déclaration, un caractère manifestement disproportionné. »
2. Compétence législative : Concernant la compétence du législateur, le Conseil a souligné que la méconnaissance de l'étendue de sa compétence dans la modulation des sanctions fiscales n'affecte pas directement les droits garantis par la Constitution, y compris le droit de propriété. « Aucune disposition ni aucun principe de valeur constitutionnelle n'imposait au législateur de prévoir que le montant de l'amende de 150 euros (...) soit plafonné. »
3. Principe d'égalité : Le Conseil a précisé que le principe d'égalité ne nécessite pas de traiter de manière identique toutes les catégories d'assujettis, soulignant que les règles applicables aux particuliers et aux professionnels sont justifiées par la nature différente des situations. « Il n'en résulte pas pour autant qu'il oblige à traiter différemment des personnes se trouvant dans des situations différentes. »
Interprétations et citations légales
- Article 1840 W ter du code général des impôts : La disposition institutionnelle de l'amende établit un cadre pour lutter contre les omissions ou inexactitudes dans les déclarations fiscales. En son alinéa 2, il stipule que « les omissions ou inexactitudes dans les déclarations prévues aux 5° et 6° de l'article 1605 ter (...) entraînent l'application d'une amende de 150 € par appareil récepteur de télévision ».
- Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 :
- Article 2 : Énonce que « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. »
- Article 6 : Établit le principe d'égalité devant la loi : « Tous les citoyens sont égaux devant la loi. »
Le Conseil d'État, en rejetant la question de constitutionnalité, souligne que les dispositions contestées respectent ces principes, et tout en garantissant une lutte efficace contre la fraude, elles ne créent pas d'inégalités inconstitutionnelles pour des situations comparables.
En conclusion, la décision du Conseil d'État affirme la validité de la sanction prévue par le code fiscal, tout en s'appuyant sur des considérations de lutte contre la fraude et la distinction des situations fiscales de ses différents assujettis.