Résumé de la décision :
La décision concerne la contestation par M. et Mme von und zu Hoensbroech, ressortissants allemands, des pénalités fiscales appliquées par l'administration française suite à un examen de leur situation fiscale pour l'année 2004. L'administration avait jugé que les contribuables avaient leur domicile fiscal en France et leur avait imposé des cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu et de cotisations sociales, en appliquant une majoration de 40 % pour mauvaise foi à raison de revenus d'origine indéterminée. Le Conseil d'État a annulé partiellement l'arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux concernant les pénalités, en jugeant que l'administration ne prouvait pas efficacement l'intention d'éluder l'impôt de la part des requérants. Aux termes de cette décision, les contribuables ne sont pas fondés à contester la décision du tribunal administratif rejetant leur demande de décharge des pénalités.
Arguments pertinents :
1. Sur la qualification de la mauvaise foi : Le Conseil d'État a précisé que la simple constatation des crédits d'origine indéterminée sur les comptes bancaires des contribuables ne suffisait pas à établir leur intention d'éluder l'impôt. Selon l’arrêt : « la fréquence de virements d'un compte à un autre compte appartenant au même contribuable ne saurait, par elle-même, caractériser une telle intention ».
2. Sur la preuve de l'intention d'éluder l'impôt : L'administration doit prouver non seulement l'insuffisance ou l'inexactitude des déclarations, mais aussi l'intention de l'intéressé d'éluder l'impôt, comme indiqué au point 2 de la décision : « l'administration doit établir l'intention du contribuable d'éluder l'impôt ».
3. Sur le refus des arguments des contribuables : Le Conseil d'État a finalement conclu que les éléments invoqués par l'administration (volumes de crédits indéterminés, existence de comptes non déclarés à l'étranger, etc.) apportaient suffisamment de preuves de l'intention d'évasion fiscale, ce qui a conduit à un rejet des conclusions des requérants.
Interprétations et citations légales :
1. Mauvaise foi et preuves exigées : L'article 1729 du Code général des impôts stipule que les majorations pour mauvaise foi ne doivent être appliquées qu’après avoir établi l'insuffisance, l'inexactitude ou le caractère incomplet des déclarations du contribuable, ainsi que l'intention d'éluder l'impôt. Ces deux éléments doivent être prouvés cumulativement :
Code général des impôts - Article 1729, alinéa 1 : "Lorsque la déclaration ... fait apparaître une base d'imposition ... insuffisants, inexacts ou incomplets ... le montant des droits mis à la charge du contribuable est assorti ... d'une majoration de 40% si la mauvaise foi ... est établie".
2. Caractère de la preuve : Le Conseil d'État a établi qu'il n'était pas suffisant de se fonder uniquement sur le volume des crédits non justifiés pour conclure à la mauvaise foi, faisant référence à l'évaluation holistique des éléments fournis par l'administration et la nécessaire intention d'éluder l'impôt.
3. Réglementation sur les recours : L'article L. 821-2 du Code de justice administrative, qui permet au Conseil d'État de statuer définitivement lors d'un second pourvoi, a également été un élément clé de la décision, permettant la poursuite des analyses au fond :
Code de justice administrative - Article L. 821-2, alinéa 2 : "Lorsque l'affaire fait l'objet d'un second pourvoi en cassation, le Conseil d'État statue définitivement sur cette affaire".
Cette décision met ainsi en exergue l’importance d’une preuve solide de l'intention d'éviter l'impôt ainsi que le besoin d'une interprétation rigoureuse des articles fiscaux pour établir les pénalités fiscales.