Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation formé par M. F... C... contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris qui avait rejeté ses conclusions visant à annuler une décision antérieure concernant des rappels de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés. M. C... soutenait que la somme encaissée par la société Fellous à titre d'acompte pour des travaux ne devait pas être soumise à la TVA, car le versement avait eu lieu avant l'obtention du permis de construire, rendant la réalisation des travaux incertaine. La haute juridiction a annulé l'article 2 de l'arrêt de la cour d'appel, reconnaissant que cette dernière avait commis une erreur de droit dans l'examen des conditions d'imposition de la TVA.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit :
La Cour a constaté que la cour administrative d'appel avait affirmé à tort que la somme versée constituait un paiement anticipé soumis à la TVA, alors que M. C... avait démontré que la réalisation des travaux était incertaine à la date du versement, en raison de l'absence d'un permis de construire. Ce point a été déterminant.
> « [...] la cour a commis une erreur de droit. »
2. Conditions d’exigibilité de la TVA :
La décision précise que la TVA devient exigible lors de l'encaissement d'acomptes, mais cela dépend de l'assurance que la prestation sera réalisée.
> « [...] la taxe devient toutefois exigible dès l'encaissement, à concurrence du montant encaissé, lorsque des acomptes sont versés avant que la prestation de services ne soit effectuée. »
3. Interdiction d’un régime d’imposition précoce :
Il est souligné que pour qu’une taxe soit exigible avant l’exécution de la prestation, les éléments de fait générateur doivent être pleinement connus. Ici, l'absence du permis de construire à la date du versement a invalidé cette condition.
> « Il faut [...] que la réalisation de la prestation ne soit pas incertaine. »
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes de loi et principes juridiques relatifs à la taxation :
1. Code général des impôts - Article 269 : Cet article définit les conditions sous lesquelles la TVA est exigible, précisant que pour les prestations de services, elle est exigible lors de l'encaissement, sauf si certaines conditions ne sont pas remplies.
> « La taxe est exigible : [...] pour les prestations de services, lors de l'encaissement des acomptes [...] (CGI - Art. 269) »
2. Directive 2006/112/CE : Cette directive européenne régit le système commun de TVA et précise les conditions d'exigibilité de la taxe. L'interprétation donnée par la Cour de justice de l’Union européenne a été centrale dans l'examen des faits.
> « [...] Le fait générateur de la taxe sur la valeur ajoutée et son exigibilité interviennent en principe au moment où la livraison du bien ou la prestation de services est effectuée [...] (Directive CE - 2006/112/CE, Art. 65) »
La décision illustre ainsi la façon dont le controle de l’exigibilité de la TVA repose sur la certitude quant à la réalisation de la prestation, et comment des circonstances comme l'absence d'un permis de construire peuvent influencer cette exigibilité.