Résumé de la décision
La société anonyme Engie, fournisseur d'énergie, a acquis six certificats d'économies d'énergie en 2016 et 2017. Le ministre de la transition écologique a informé Engie en juin 2018 que ces certificats avaient été obtenus frauduleusement et a décidé de les retirer, en se basant sur l'article L. 241-2 du code des relations entre le public et l'administration. Engie a contesté cette décision, demandant son annulation ainsi que celle du rejet implicite de son recours gracieux. Le Conseil d'État a statué que la décision de retrait ne relevait pas des sanctions prévues par le code de l'énergie, mais était fondée sur la fraude, et a attribué le jugement de la requête au tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
Arguments pertinents
1. Nature de la décision : Le Conseil d'État a précisé que la décision de retrait des certificats d'économies d'énergie n'était pas une sanction au sens des articles L. 222-1 et suivants du code de l'énergie, mais un acte administratif unilatéral fondé sur la fraude. Cela est illustré par la citation suivante : "le ministre n'a pas infligé une sanction en faisant application des dispositions des articles L. 222-1 et suivants du code de l'énergie, permettant de sanctionner les manquements aux dispositions du chapitre Ier du titre II du livre II du même code".
2. Compétence juridictionnelle : Le Conseil d'État a déterminé que le recours pour excès de pouvoir contre cette décision relève de la compétence des tribunaux administratifs, en vertu de l'article L. 211-1 du code de justice administrative. Cela est confirmé par l'affirmation : "la décision attaquée n'est pas au nombre des décisions de sanction qui, en vertu de l'article R. 222-12 du même code, peuvent être contestées devant le Conseil d'État statuant en premier ressort".
Interprétations et citations légales
1. Code de l'énergie - Article L. 221-5 : Cet article définit les certificats d'économies d'énergie comme des biens meubles négociables, ce qui souligne leur nature commerciale et leur importance dans le cadre des obligations d'économies d'énergie. La mention de "kilowattheure d'énergie finale économisé" comme unité de compte renforce l'idée que ces certificats sont liés à des actions concrètes d'économies d'énergie.
2. Code de l'énergie - Article L. 241-2 : Cet article stipule que "par dérogation aux dispositions du présent titre, un acte administratif unilatéral obtenu par fraude peut être à tout moment abrogé ou retiré". Cela justifie la décision du ministre de retirer les certificats, en établissant que la fraude permet un retrait sans délai.
3. Code de justice administrative - Article L. 211-1 : Cet article établit que les tribunaux administratifs sont les juges de droit commun du contentieux administratif, ce qui signifie que les recours pour excès de pouvoir, comme celui d'Engie, doivent être portés devant ces juridictions, et non devant le Conseil d'État.
En conclusion, la décision du Conseil d'État clarifie la distinction entre les sanctions administratives et les actes administratifs unilatéraux fondés sur la fraude, tout en précisant la compétence des tribunaux administratifs pour traiter ce type de recours.