Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société civile immobilière (SCI) "Lindos", dont M. D... E... est associé, a été soumise à une vérification de comptabilité par l'administration fiscale concernant une plus-value immobilière réalisée sur la vente de terrains, le 23 novembre 2011. Mme B..., au foyer fiscal de laquelle M. E... était rattaché, a demandé au tribunal administratif la décharge des cotisations fiscales supplémentaires résultant de cette vente. Le tribunal a partiellement satisfait sa demande. En appel, cet appel a été rejeté par la cour administrative d'appel de Marseille en raison d'une interprétation erronée de la date de transfert de propriété et des abattements applicables. La décision de la haute juridiction administrative a annulé l'arrêt de la cour d'appel, renvoyant l'affaire pour réexamen et accordant des frais à Mme B... et M. E... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a jugé que la cour d'appel a commis une erreur de droit en déterminant la date de transfert de propriété en se basant uniquement sur l'acte authentique de vente de 2011, sans tenir compte de la promesse de vente du 19 octobre 1998. Le Conseil a précisé qu'une "promesse synallagmatique de vente sans condition suspensive révèle le consentement réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix", ce qui, en vertu du Code civil - Article 1589, entraîne le transfert immédiat de propriété. Ainsi, il a été soutenu que la date de réalisation de la plus-value imposable devait être considérée comme antérieure à l'acte authentique. Le Conseil d'État a conclu que "les stipulations d'un acte authentique ultérieur sont alors insusceptibles de remettre en cause la date du transfert de propriété".
Interprétations et citations légales
L’interprétation des articles du Code civil et du Code général des impôts est centrale dans cette décision.
1. Code général des impôts - Article 150 VC : Cet article précise que la plus-value doit être réduite d'un abattement en fonction de la durée de détention. La cour administrative a mal appliqué cet article en ne tenant pas compte de la date effective du transfert de propriété.
2. Code civil - Article 1583 : Il stipule que "la vente est parfaite entre les parties" dès que l'accord est atteint, indépendamment du paiement ou de la livraison. Ce principe a été fondamental pour justifier que le transfert de propriété a effectivement eu lieu avec la promesse de vente, ce que la cour d'appel a ignoré.
3. Code civil - Article 1589 : Cet article renforce l’idée que la promesse de vente engage les parties et constitue un transfert de propriété dans le cadre de l’accord sur la chose et le prix. Cette interprétation a été cruciale pour établir que la SCI devait être considérée comme propriétaire des terres dès la signature de la promesse.
En somme, la décision réaffirme l'importance du consentement préalable dans la réalisation des transactions immobilières, rappelant que les documents notariés ultérieurs ne peuvent modifier des engagements déjà pris entre parties.