Résumé de la décision
La décision concerne le pourvoi de la SA Transat France visant à annuler un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes rendu le 3 avril 2014, qui avait validé des redressements fiscaux liés à la comptabilisation d'une provision pour dépréciation du fonds de commerce de la SAS Euro Charter. Cette provision, d'un montant de 1 455 159 euros, avait été inscrite en 1996, mais la cour a jugé qu'elle était devenue sans objet en 2003. Le Conseil d'État, au vu des éléments présentés, a annulé l'arrêt et a ordonné le versement de 3 500 euros à la SA Transat France au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Maintien de la provision pour dépréciation : Le Conseil d'État a rappelé que, selon l'article 39 du code général des impôts, une société peut maintenir ou modifier une provision pour dépréciation tant que celle-ci n'a pas perdu son objet, quelle que soit l'évolution des événements justifiant la dépréciation.
> « Une société qui a constitué une provision pour tenir compte de la dépréciation de son fonds de commerce peut, si cette provision n'a pas perdu son objet, maintenir ou modifier le montant de cette provision [...] sans procéder à une reprise de provision suivie d'une nouvelle dotation. »
2. Erreur de droit de la cour : Le Conseil d'État a estimé que la cour administrative d'appel n'a pas correctement examiné si la SA Euro Charter justifiait le montant de la provision constatée en 2003, entraînant ainsi une approche erronée quant à la nature de la provision.
> « Faute d'avoir recherché si la société justifiait le montant de la provision constatée à la clôture de l'exercice litigieux, la cour a commis une erreur de droit. »
Interprétations et citations légales
- L'article 39 du Code général des impôts - Article 39 stipule que le bénéfice net est établi sous déduction de toutes charges, y compris les provisions pour pertes ou charges qui doivent être "nettement précisées" et rendues probables par des événements en cours.
- L'article 38 sexies de l'annexe III au même code précise que la dépréciation des immobilisations telles que les fonds de commerce permet de constituer des provisions. Cela souligne la flexibilité pour les entreprises de gérer les risques financiers, même lorsqu'ils évoluent.
L'interprétation du Conseil d'État établit un précédent important quant à la possibilité pour une société de maintenir des provisions antérieures en répondant à des critères de justification, indépendamment des événements qui ont conduit à leur création initiale. Ainsi, même si les conditions économiques et de marché changent, tant que la justification d'une provision demeure valable, elle peut être maintenue, ce qui affecte la manière dont les entreprises gèrent leur comptabilité et préparent leurs déclarations fiscales.