Résumé de la décision
L'affaire concerne un pourvoi devant le Conseil d'État du département de la Guadeloupe contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux. Cet arrêt a annulé une ordonnance du tribunal administratif de Basse-Terre, qui rejetait les demandes de la société commerciale guadeloupéenne de tabacs et allumettes (SCGTA) pour obtenir réparation de préjudices auprès du département et remboursement par l'État. Le Conseil d'État a confirmé la décision de la cour administrative, considérant que la SCGTA avait fondé ses conclusions indemnitaires sur des actes réglementaires du département, engageant ainsi la compétence de la juridiction administrative.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi du département de la Guadeloupe en raison de plusieurs arguments clés :
1. Compétence des juridictions administratives : Selon les dispositions du code des douanes, comme l'indique le Code des douanes - Article 357 bis, "les tribunaux de grande instance connaissent des contestations concernant le paiement, la garantie ou le remboursement des créances de toute nature recouvrées par l'administration des douanes." Cependant, quand la responsabilité du redevable est engagée à cause d'une activité normative (législative ou réglementaire), cette responsabilité doit être examinée par la juridiction administrative.
2. Fonds des requêtes : La SCGTA soutenait que les délibérations du conseil général étaient contraires au droit de l'Union européenne et constituaient une faute engageant la responsabilité du département. La cour n’a pas méconnu le fond des demandes de la SCGTA, en jugeant que ces conclusions relevaient de la compétence de la juridiction administrative.
Interprétations et citations légales
Les interprétations des textes de loi entraînent une distinction entre la compétence judiciaire et administrative :
- Code des douanes - Article 268 : Cet article fixe le cadre des droits de consommation et précise que "les cigarettes, les cigares... sont passibles d'un droit de consommation." Cela implique que les contestations relatives au recouvrement de ces droits relèvent des juridictions judiciaires, mais pas de la responsabilité en raison d'une action normative par une collectivité, qui tombe sous la compétence administrative.
- Code des douanes - Article 357 bis : Ce texte établit que "les tribunaux de grande instance connaissent des contestations concernant le paiement, la garantie ou le remboursement des créances," mais il précise aussi que “à l’occasion de la détermination de l’assiette de ces droits, y compris lorsque la responsabilité de l’administration est recherchée” doit être traitée par les juridictions judiciaires.
L’arrêt du Conseil d'État affirme que la demande d'indemnisation de la SCGTA, fondée sur l'illégalité des délibérations du conseil général, engage la responsabilité de la collectivité locale en raison de son activité réglementaire, relevant ainsi de la compétence du juge administratif, comme le souligne le point 3 de la décision.
Conclusion
Dans cette décision, le Conseil d'État clarifie la compétence des juridictions en matière de responsabilité administrative par rapport aux actions des administrations sur leurs activités normatives et souligne la séparation des compétences entre le judiciaire et l'administratif. La décision constitue un rappel important du cadre juridique régissant la responsabilité des collectivités locales et la relation entre le droit national et le droit européen.