Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société civile immobilière (SCI) SC2 conteste une évaluation d'office de la valeur locative de son bien immobilier à Egletons, effectuée par l'administration fiscale pour les années 2009 à 2015. La SCI a demandé une réduction de ses cotisations à la taxe foncière auprès du tribunal administratif de Limoges, qui a rejeté sa demande par un jugement du 28 septembre 2017. La SCI se pourvoie en cassation. Le Conseil d'État a confirmé le jugement du tribunal, rejetant les arguments de la SCI, notamment concernant la clôture de l'instruction et l'application des dispositions fiscales pertinentes.
Arguments pertinents
1. Clôture de l'instruction :
Le Conseil d'État note que la SCI SC2 a soumis un mémoire après la clôture de l'instruction, ce qui, selon l'article R. 613-2 du Code de justice administrative, rend ce mémoire inopérant sauf à prouver qu'il contenait des éléments nouveaux. Dans ce cas, la SCI n'a pas démontré que son mémoire contenait des éléments dont elle n'était pas en mesure de faire état avant la clôture. Cette situation illustre que l’adversaire doit respecter les délais de soumission et que le juge n'est pas tenu d'analyser de nouveaux moyens présentés tardivement :
> "S'il a toujours la faculté de rouvrir l'instruction, il n'est tenu de le faire... que dans le cas où le mémoire contient l'exposé d'une circonstance de fait ou d'un élément de droit... susceptible d'exercer une influence sur le jugement de l'affaire."
2. Erreur de droit et valeur locative :
La SCI a argué que le tribunal avait appliqué par erreur l'article 1498 du code général des impôts pour un immeuble achevé après 1970, ne relevant que des méthodes d’évaluation inappropriées. Cependant, le Conseil d'État constate que le tribunal s’est contenté de mentionner cet article en raison des arguments présentés par la SCI, sans que cela constitue une erreur de droit :
> "Il a pu, sans erreur de droit, écarter comme non fondé le moyen tiré de ce qu’elles avaient pour objet de réserver l’imposition à la taxe foncière…"
Interprétations et citations légales
1. Article R. 613-2 du Code de justice administrative :
Cet article précise les conditions dans lesquelles l’instruction est close et les implications de la soumission tardive de mémoires. Il souligne l'importance du respect des délais pour garantir un traitement équitable et organisé des affaires judiciaires.
2. Article 1498 du Code général des impôts :
Ce texte spécifie les méthodes de détermination de la valeur locative des biens, particulièrement en rapport avec ceux achevés après une certaine date. L'application de cet article est conditionnée à la nature de l'occupation immobilière et à l’existence ou non d’une location.
> "La valeur locative de tous les biens autres que les locaux visés au I de l'article 1496... est déterminée au moyen de l'une des méthodes indiquées ci-après..."
3. Interprétation des articles :
Le juge s’assure que ces articles soient appliqués correctement selon les circonstances spécifiques de chaque cas. Le fait que la SCI ne puisse prouver l'absence d'éléments nouveaux dans son mémoire post-clôture affaiblit sa position en contestation, illustrant ainsi l'importance de la rigueur dans la présentation des arguments juridiques.
Par conséquent, le Conseil d'État a rejeté l'ensemble des conclusions de la SCI, y compris celles concernant l'allocation de frais d'instance, confirmant ainsi la validité des décisions prises par l'administration et par le tribunal administratif.