Résumé de la décision
La société Leroy Merlin France a contesté un jugement du tribunal administratif de Rennes qui rejetait sa demande de restitution de taxes sur les surfaces commerciales pour les années 2011 et 2012. Cette contestation concernait l'application d'une réduction de taux de 30 % prévue par le décret du 26 janvier 1995, favorisant les professions ayant des surfaces de vente anormalement élevées. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, déclarant que les exigences du décret ne constituaient pas une erreur de droit et que les autres arguments présentés concernant la constitutionnalité des dispositions n’étaient pas recevables en cassation. Le pourvoi a été rejeté.
Arguments pertinents
1. Validité du décret : La Cour a affirmé que "le pouvoir réglementaire s'est borné à déterminer le champ d'application de la mesure de réduction de taux prévue par le législateur", confirmant ainsi la légalité des conditions d'exclusivité prévues par le décret. Le tribunal administratif n'a pas méconnu son office en jugeant ces dispositions conformes à la législation.
2. Inopposabilité des arguments en cassation : La Cour a noté que les moyens liés à la contrainte constitutionnelle d'égalité devant les charges publiques et la liberté d'entreprendre n'ont pas été soulevés devant le tribunal administratif, indiquant ainsi que "ces moyens ne peuvent pas être utilement présentés, en cassation". Cela souligne l'importance de la soumission d'arguments lors des instances inférieures pour leur recevabilité en cassation.
Interprétations et citations légales
1. Exigence d'exclusivité pour la réduction de taux : L'article 3 du décret du 26 janvier 1995 stipule que la réduction de 30 % pour certaines professions "est fixée à 30 p. 100 en ce qui concerne la vente exclusive des marchandises énumérées ci-après", ce qui clairement établit la condition que la vente doit être exclusive à ces marchandises pour bénéficier de la réduction.
2. Cadre légal de la taxe sur les surfaces commerciales : L'article 3 de la loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 introduit la notion de taxe sur les surfaces commerciales et précise qu'une réduction peut être accordée par décret. Cela montre que le législateur a prévu une régulation par voie réglementaire, donnant ainsi une certaine latitude au pouvoir exécutif pour définir les conditions d'application de cette exonération.
3. Argumentation sur la constitutionnalité : La décision mentionne que les considérations selon lesquelles les dispositions du décret seraient contraires "au principe constitutionnel d'égalité devant les charges publiques, à la liberté d'entreprendre" n'ont pas été présentées dans le cadre de l'affaire initiale, ce qui renforce l’invalidation de ces arguments en raison de leur absence de soumission antérieure : "ne peuvent pas être utilement présentés, en cassation".
En synthèse, la décision illustre l'importance des processus juridiques dans les litiges fiscaux et la nécessité de formuler correctement les arguments dans les instances inférieures, tout en clarifiant les compétences respectives du législateur et du pouvoir réglementaire.