Résumé de la décision :
La société Poloto a introduit un recours en rectification d'erreur matérielle contre une décision rendue par le Conseil d'Etat le 10 mai 2019. Elle contestait un jugement du tribunal administratif de Grenoble daté du 16 juillet 2018, soutenant que la décision contenait une erreur matérielle et qu'un moyen présenté à l’appui de son pourvoi n’avait pas été suffisamment pris en compte. Le Conseil d'Etat, par sa décision, a rejeté la requête de la société Poloto, considérant que la question soulevée relevait d’une appréciation d'ordre juridique, non susceptible d'être contestée par voie de rectification.
Arguments pertinents :
1. Inadmissibilité du recours en rectification : Le Conseil d'Etat a statué que la critique formulée par la société Poloto concernant le jugement du tribunal administratif ne pourrait pas être inférée comme un vice de forme lié à une erreur matérielle. En effet, selon l'article R. 833-1 du Code de justice administrative, le recours en rectification est limité à des erreurs matérielles, donc non imputables aux parties, et pouvant influencer le jugement. Dans ce cas, le Conseil a précisé :
> "Le recours en rectification d'erreur matérielle n'est ouvert qu'en vue de corriger des erreurs de caractère matériel qui ne sont pas imputables aux parties et qui ont pu avoir une influence sur le sens de la décision."
2. Appréciation d’ordre juridique : Le Conseil d'Etat a déclaré que la décision du 10 mai 2019 reposait sur une appréciation d'ordre juridique, ce qui le rendait inattaquable par le biais d'un recours en rectification.
> "En estimant, par sa décision du 10 mai 2019, que le moyen présenté par la société Poloto [...] ne présentait pas un caractère sérieux [...], le Conseil d'Etat s'est livré à une appréciation d'ordre juridique [...]"
Interprétations et citations légales :
1. Article R. 833-1 du Code de justice administrative : Ce texte définit les conditions dans lesquelles un recours en rectification peut être déposé. Il établit que ce recours doit être motivé par des erreurs qui ne sont pas imputables aux parties et qui pourraient influencer la décision. Le passage clé est :
> "Lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification."
2. Article R. 822-1 du Code de justice administrative : Cet article stipule les critères de sérieux d'un moyen, ce qui implique que les arguments présentés doivent revêtir un certain niveau de gravité pour être considérés dans le cadre d'un pourvoi. Le Conseil a précisé que les critiques ne pouvaient aboutir à un recours en rectification, car elles nécessitent une évaluation juridique plus que matérielle.
La décision illustre ainsi les limites du recours en rectification, soulignant que les désaccords sur les appréciations juridiques émises par le juge ne peuvent être reprochés dans un cadre matériel.