Résumé de la décision
La décision concerne une demande de Mme A..., qui a été déclarée prioritaire pour un relogement d'urgence par la commission de médiation de la Seine-Saint-Denis en raison de son expulsion ordonnée par la cour d'appel de Paris. Après des manquements dans l'exécution de cette décision par l'État, Mme A... a sollicité une indemnité pour le préjudice subi. Le tribunal administratif de Montreuil a rejeté sa demande en considérant qu'elle ne justifiait aucun préjudice. En appel, le Conseil d'État a annulé ce jugement, estimant que la carence de l'État engageait sa responsabilité et causait effectivement un préjudice à Mme A...., et a renvoyé l'affaire devant le tribunal administratif tout en accordant une indemnité de 3 000 euros à l'avocat de Mme A... au titre de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
1. Carence de l'État : Le Conseil d'État a souligné que la carence du préfet à proposer un relogement à Mme A... engageait la responsabilité de l'État. Il a indiqué que "cette carence, constitutive d'une faute de nature à engager la responsabilité de l'Etat, ne causait à l'intéressé aucun préjudice en l'absence d'exécution de la décision de justice ordonnant son expulsion", même si la situation qui avait motivé la décision de la commission perdurait.
2. Droit à réparation : Il a été établi que les troubles aux conditions d’existence subis par Mme A... en raison de la prolongation de la situation précaire lui ouvraient un droit à réparation.
Interprétations et citations légales
1. Application des articles : Le Conseil d'État a appliqué les dispositions de l'article L. 441-2-3 et L. 441-2-3-1 du Code de la construction et de l'habitation, qui régissent le relogement des personnes reconnues prioritaires. L'article L. 441-2-3-1 stipule que les décisions de relogement doivent être exécutées par l'État, et toute carence dans ce domaine engage sa responsabilité.
2. Responsabilité de l'État : Le Conseil a précisé que "la carence fautive de l'État à exécuter ces décisions dans le délai imparti engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur", ce qui renforce la nécessité d'une obligation d'exécution.
3. Indemnisation : En raison de cette carence, le Conseil d'État a ordonné le versement de 3 000 euros à la SCP Lévis, indiquant que "l'État versera à la SCP Lévis, avocat de la requérante, une somme de 3 000 euros en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative".
Cette décision montre l'importance de la protection des droits des individus face aux manquements de l’État, notamment dans le cadre des décisions de justice concernant le relogement.