Résumé de la décision :
La société Métal Blanc, opérant dans le secteur de la métallurgie, a contesté les jugements du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui avaient rejeté ses demandes de réduction de taxe foncière pour les années 2015 à 2018. La Cour administrative d'appel a statué que ces jugements étaient entachés d'une erreur de droit, car le tribunal avait mal interprété les dispositions concernant l'exonération de la taxe foncière pour les outillages et installations industrielles. Il a donc annulé les jugements du tribunal administratif, renvoyé l'affaire à ce tribunal et condamné l'État à verser 3 000 euros à la société au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
Le raisonnement clé de la décision repose sur une mauvaise interprétation par le tribunal administratif des notions d’"outillages" et d’"installations" en lien avec l'exonération de la taxe foncière. La Cour a précisé que tous les équipements et installations directement liés à l’exploitation industrielle et qui ne font pas partie des constructions au sens de l'article 1381 CGP doivent être exonérés de la taxe foncière.
La décision souligne que, selon l’article 1382 CGP, "sont exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties : / (...) / 11° Les outillages et autres installations et moyens matériels d’exploitation des établissements industriels". Cela signifie que les biens que doit inclure une exonération ne se limitent pas à ceux considérés comme dissociables des immeubles.
Interprétations et citations légales :
Dans cette décision, plusieurs articles du Code général des impôts (CGP) sont appliqués. Le tribunal a mis l'accent sur l'interprétation des articles régissant les exonérations de la taxe foncière :
1. Code général des impôts - Article 1380 : cet article établit le principe que la taxe foncière est due sur les propriétés bâties sauf exemption.
2. Code général des impôts - Article 1382 : énonce les exemptions, précise notamment au 11° que "sont exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties : (...) les outillages et autres installations et moyens matériels d'exploitation des établissements industriels".
3. Code général des impôts - Article 1495 : stipule que "chaque propriété ou fraction de propriété est appréciée d'après sa consistance, son affectation, sa situation et son état, à la date de l'évaluation".
La Cour a noté que, selon l'interprétation appropriée de ces articles, l'exonération s'étend à toute installation essentielle à l'activité d'un établissement industriel, et ne doit pas se limiter à des biens dissociables. Cette interprétation est critiquée si le tribunal ne reconnaît que des outillages qui participent directement à l'activité industrielle, ce qui n'est pas conforme aux dispositions légales citées.
Ainsi, la Cour a conclu qu’en faisant preuve d’une interprétation restrictive, le tribunal administratif avait commis une erreur de droit, annuler les jugements en litige devenait nécessaire.