Résumé de la décision
L'affaire concerne l'aéroport de Bâle-Mulhouse, qui a contesté des impositions et des pénalités relatives à la taxe locale d'équipement et aux taxes d'urbanisme après avoir acquitté ces sommes. Après le rejet de ses réclamations par les autorités compétentes en 2009, l'aéroport a saisi le tribunal administratif de Strasbourg de deux requêtes, qui ont été rejetées par un jugement du 30 septembre 2014. Le tribunal a conclu que l'autorité de la chose jugée, à la suite des décisions du Conseil d'État du 3 septembre 2008, empêchait l'aéroport de formuler de nouvelles demandes similaires. Toutefois, la cour a observé une irrégularité dans la procédure car le tribunal a relevé d'office l'exception de la chose jugée sans en informer les parties concernées. Par conséquent, le jugement a été annulé et l'affaire renvoyée au tribunal administratif de Strasbourg. L'État a également été condamné à verser 3 000 euros à l'aéroport au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Autorité de la chose jugée : Le tribunal administratif a fondé sa décision sur le fait que l'autorité de la chose jugée issue des décisions du Conseil d'État s'opposait à toute nouvelle demande de l'aéroport concernant des impositions similaires. Cette application de la chose jugée est centrale dans la décision, comme les juges ont mentionné :
> "l'autorité de la chose jugée attachée aux décisions du Conseil d'État [...] s'opposait à ce que l'aéroport formule de nouvelles demandes tendant au même objet".
2. Procédure irrégulière : L'irrégularité a été identifiée dans la manière dont le tribunal a introduit l'exception de chose jugée d'office. En effet, il n'a pas informé les parties, ce qui est contraire aux règles de procédure :
> "en relevant d'office cette exception, sans en informer préalablement les parties, pour rejeter les conclusions du requérant, le tribunal administratif de Strasbourg a entaché son jugement d'irrégularité".
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la chose jugée : L'autorité de la chose jugée fait référence au principe selon lequel une décision de justice ne peut être remise en cause par la suite s'il s'agit des mêmes parties et des mêmes causes d'action. Cela se base sur la nécessité de garantir la sécurité juridique et la stabilité des décisions judiciaires.
2. Code de justice administrative - Article R. 611-7 : Cet article impose au président de la formation de jugement d'informer les parties de tout moyen relevé d'office et de leur permettre de présenter leurs observations. Il est formulé comme suit :
> "Lorsque la décision lui paraît susceptible d'être fondée sur un moyen relevé d'office, le président de la formation de jugement informe les parties avant la séance de jugement [...]".
En conclusion, la décision illustre les tensions entre la clôture des débats par des décisions antérieures et le droit à un procès équitable, considéré dans le cadre des procédures administratives.