Résumé de la décision
Dans cette affaire, M.B... se pourvoit en cassation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon ayant rejeté sa demande de décharge d'impôts sur le revenu et de contributions sociales pour l'année 2008. La société La Malosse avait vendu des titres à M.B... à un prix jugé délibérément minoré par rapport à leur valeur vénale, entraînant une requalification des montants en tant que libéralités. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour d'appel, constatant une insuffisance de motivation concernant le prix de référence retenu et a renvoyé l'affaire à la cour d'appel.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a relevé plusieurs aspects cruciaux dans son analyse :
1. Écart significatif de prix : L'administration fiscale a estimé que le prix de cession (15,23 euros) était délibérément minoré par rapport à la valeur vénale des titres (64,93 euros), considérant cela comme une libéralité en vertu des articles 109 et suivants du Code général des impôts.
2. Insuffisance de motivation : La cour d'appel n'a pas justifié si le prix de 64,93 euros était représentatif d'un prix de marché, omettant d'évaluer les circonstances spécifiques de la transaction. Le Conseil d'État souligne que la motivation doit démontrer que la valeur vénale est aussi proche que possible de celle qui aurait résulté du jeu normal de l’offre et de la demande.
3. Requalification juridique : Conformément aux dispositions des articles 158, 109 et 111 du Code général des impôts, l'erreur de droit se situe dans l'interprétation de la définition de ce qui constitue une libéralité en tant que distribution occulte de revenus.
Interprétations et citations légales
Les articles de loi appliqués dans cette décision soulignent la nécessité d'un examen approfondi des circonstances de la cession :
- Code général des impôts - Article 158 : "Sont notamment imposables à l'impôt sur le revenu, dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers, les revenus considérés comme distribués en application des articles 109 et suivants du même code."
- Code général des impôts - Article 111 : "Sont notamment considérés comme revenus distribués : (...) c) Les rémunérations et avantages occultes."
En appliquant ces dispositions, le Conseil d'État a statué qu'il suffisait de prouver un écart significatif entre le prix convenu et la valeur vénale, ainsi qu'une intention manifeste de constituer une libéralité. Toutefois, en ne justifiant pas la valeur de référence du prix, la cour d’appel a manqué à ses obligations de motivation, en violation des droits de M.B... et des principes du droit fiscal.
Cette décision souligne l'importance de la motivation des décisions judiciaires, particulièrement dans le cadre de la requalification d'avantages fiscaux, en lien avec la capacité d'une société à établir le caractère licite de ses transactions économiques.