Résumé de la décision
L'Union de syndicats CGT Insertion Probation a saisi le juge des référés du Conseil d'État pour contester une note émise par le garde des sceaux, ministre de la justice, qui selon elle, portait atteinte aux droits fondamentaux des agents du ministère face à la pandémie de covid-19, en rendant l'accès à des dispositions de protection pour les personnes vulnérables plus difficile. Cependant, postérieurement à l'introduction de la requête, le garde des sceaux a retiré les passages litigieux de la note, ce qui a conduit le juge à constater qu'il n'y avait plus lieu de statuer sur la requête. La décision a acté la perte d'objet de la demande et a rejeté la requête.
Arguments pertinents
1. Intérêt à agir : L'Union de syndicats CGT Insertion Probation soutenait disposer d'un intérêt à agir, justifiant ainsi sa demande auprès du juge des référés.
2. Conditions d'urgence et atteintes aux libertés fondamentales : La requête évoquait une condition d’urgence en raison de l’atteinte jugée grave et manifestement illégale aux droits à la vie et à la santé des agents qui risquaient de contracter le virus en raison de la décision contestée.
3. Autorité de la chose jugée : Il était également fait mention d'une atteinte au droit d'accès à la justice, ayant trait à la méconnaissance des décisions antérieures du Conseil d'État, notamment celle du 15 octobre 2020 qui avait suspendu certaines exécutions.
4. Retrait des dispositions litigieuses : En réponse, le garde des sceaux a argumenté que la note contestée n'avait plus d'application concrète, et que les passages litigieux avaient été retirés, satisfaisant ainsi les préoccupations soulevées par la demande. En outre, il a été précisé que la situation des agents vulnérables serait régularisée.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur l'article L. 521-2 du Code de justice administrative, qui définit les conditions dans lesquelles un juge des référés peut ordonner une mesure de protection d'une liberté fondamentale :
> "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale."
Dans cette situation, il a été établi que :
- La condition d'urgence n'était plus remplie puisque les passages litigieux ont été retirés avant que le juge ne statue.
- L'instruction a démontré que les problèmes soulevés par les requérants avaient été corrigés, rendant ainsi la demande sans objet.
Cette décision illustre l'importance de la dynamique entre la protection des droits fondamentaux et la réactivité de l'administration, ici illustrée par le retrait des dispositions contestées avant qu'une décision ne soit prise. Le juge des référés a donc agi en accord avec les règles établies tout en respectant le principe de l'égalité devant la justice et la nécessaire prise en compte des évolutions administratives.