Résumé de la décision :
Mme B... a interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Nantes daté du 27 février 2015, qui avait rejeté sa demande d'annulation de la décision du ministre de l'intérieur du 27 avril 2012. Cette dernière avait ajourné la demande de naturalisation de Mme B... pour une durée de deux ans, en raison de diverses considérations liées à ses obligations fiscales et à ses ressources financières. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, considérant que la décision ministérielle était justifiée et que les arguments de la requérante n'étaient pas fondés.
Arguments pertinents :
1. Motivation de la décision : La cour a estimé que la question de la motivation insuffisante de la décision ministérielle était irrecevable en instance d'appel, car cela constituait un moyen distinct de celui soulevé en première instance.
Citation pertinente : « ce moyen de légalité externe, qui n'est pas d'ordre public et procède d'une cause juridique distincte de celle du moyen soulevé en première instance, est par suite irrecevable et ne peut, dès lors, qu'être écarté. »
2. Pouvoir d'appréciation du ministre : La cour rappelle que le ministre a un large pouvoir d'appréciation lors de l'examen des demandes de naturalisation et peut prendre en compte des éléments comme le comportement fiscal du postulant.
Citation pertinente : « qu'il appartient au ministre de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la nationalité française à l'étranger qui la sollicite... il peut légalement prendre en compte les renseignements défavorables recueillis sur le comportement du postulant. »
3. Conséquences des obligations fiscales : La cour a souligné que le comportement fiscal de Mme B... constituait une raison légitime pour l'ajournement de sa demande, même si elle s'était mise à jour de ses obligations par la suite.
Citation pertinente : « que Mme B..., qui ne le conteste d'ailleurs pas, a méconnu ses obligations fiscales... le ministre a pu sans commettre d'erreur manifeste, dans le cadre de son large pouvoir d'appréciation... ajourner à deux ans la demande de Mme B... en se fondant sur les motifs tirés du comportement fiscal de l'intéressée. »
Interprétations et citations légales :
1. Article 21-15 du Code civil : Cet article précise que l'acquisition de la nationalité française par naturalisation est accordée par décret à la demande de l'étranger. Il établit ainsi la nécessité d'une décision favorable émanant des autorités.
Citation : « l'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger. »
2. Article 48 du Décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 : Il détaille les motivations autorisant le ministre à rejeter une demande ou à l'ajourner, notamment la prise en compte de l'intérêt public.
Citation : « Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... il prononce le rejet de la demande. Il peut également en prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions. »
La décision de la cour indique donc clairement que la demande de naturalisation de Mme B... a été ajournée pour des raisons légitimes liées au respect de ses obligations fiscales et à son autonomie financière, montrant le pouvoir discrétionnaire du ministre dans ce type d'évaluation.