Résumé de la décision
Mme C..., ressortissante marocaine résidant en France depuis 1994, a saisi la cour pour annuler la décision du ministre de l'intérieur qui avait refusé sa demande de naturalisation présentée en 2012. Le tribunal administratif de Nantes a rejeté sa demande le 27 mai 2015. En appel, Mme C... conteste cette décision et demande notamment d'y annuler la décision du ministre et de lui accorder la nationalité française. La cour confirme le jugement du tribunal administratif, rejetant la requête de Mme C... sur le fondement de sa non-adéquation aux valeurs républicaines et son manque d'assimilation à la communauté française.
Arguments pertinents
1. Appréciation de l'opportunité de la naturalisation : La cour rappelle que, selon le Code civil - Article 21-15, l'acquisition de la nationalité française par voie de naturalisation est une prérogative de l'autorité publique. Le ministre de l'intérieur est habilité à évaluer l'aptitude d'un étranger à rejoindre la communauté française.
2. Absence d’adhésion aux valeurs républicaines : Le ministre a justifié son refus en indiquant que Mme C... ne connaissait pas les principes fondamentaux de la République française et manquait de motivation pour partager ses valeurs. La cour insiste sur le pouvoir d'appréciation du ministre concernant l'assimilation d'un postulant.
3. Impact de la scolarisation : Bien que Mme C... évoque son absence de scolarisation pour expliquer ses difficultés de compréhension des concepts de la laïcité, la cour conclut que cela ne constitue pas un motif suffisant pour renverser la décision du ministre. La cour décrit cette absence d'assimilation comme un motif légitime pour le refus de naturalisation.
Interprétations et citations légales
- Code civil - Article 21-15 : Cet article établit la base légale pour la naturalisation, stipulant que l'acquisition de la nationalité française est une décision « accordée par décret à la demande de l'étranger ». Ce texte souligne le rôle discrétionnaire du ministre dans l'évaluation des demandes de naturalisation, ce qui justifie sa capacité à prendre en compte des éléments d'assimilation à la communauté française.
- Décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 - Article 48 : Cet article précise que le ministre peut refuser une demande de naturalisation s’il estime qu’il n’y a pas lieu de l’accorder, et il est en droit de s’appuyer sur des éléments d'opportunité, y compris le niveau d’assimilation.
La décision de la cour illustre une interprétation stricte des exigences d'assimilation pour la naturalisation, en situant le jugement dans un cadre légal qui privilégie la prérogative discrétionnaire de l'autorité publique face à une intégration culturelle et sociale perçue comme insuffisante. Les arguments de la requérante, notamment son ancienneté de résidence en France et le statut de nationalité française de ses enfants, sont jugés non pertinents par rapport à l'exigence d'un engagement aux valeurs républicaines.