Résumé de la décision :
Dans l'affaire opposant M. B..., un ressortissant algérien, à la préfecture des Hauts-de-Seine, la Cour administrative d'appel a annulé un jugement rendu par le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise (21 novembre 2017) et un arrêté préfectoral du 18 mai 2017 refusant la délivrance d'un titre de séjour. M. B... avait contesté l'arrêté, arguant qu'il était en France depuis plus de dix ans et que le préfet avait omis d'examiner adéquatement sa situation personnelle. La Cour a jugé que le préfet avait commis une erreur de droit en s'abstenant d'exercer son pouvoir de régularisation. Bien que la demande de titre de séjour soit rejetée, l'État est condamné à verser 1 500 euros à M. B... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
1. Atteinte au principe du contradictoire: M. B... a soutenu que le tribunal avait méconnu le principe du contradictoire en se fondant sur des moyens non soulevés par la préfecture. La Cour a estimé que cette irrégularité justifiait l'annulation du jugement.
2. Manque de motivation de l'arrêté préfectoral: M. B... a contesté l'insuffisante motivation de l'arrêté qui négligeait son parcours et sa situation personnelle. La Cour a relevé qu'il était de la compétence du préfet d'examiner les éléments de la situation de M. B..., selon son pouvoir discrétionnaire.
> "Il ressort des termes mêmes de l'arrêté attaqué que le préfet des Hauts-de-Seine s'est abstenu d'exercer son pouvoir général de régularisation..."
3. Inapplicabilité des dispositions du code: La Cour a rappelé que les stipulations de l'accord franco-algérien permettaient une régularisation basée sur des considérations humanitaires et exceptionnelles, même si M. B... ne remplissait pas les conditions de séjour au titre de l'article L. 313-14 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.
Interprétations et citations légales :
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-14: Cet article stipule que des cartes de séjour temporaires peuvent être délivrées sur des motifs exceptionnels, sauf en cas de menace pour l'ordre public. Il est important de noter que cette disposition permet au préfet d'exercer son pouvoir de manière discrétionnaire.
> "La carte de séjour temporaire [...] peut être délivrée, sauf si sa présence constitue une menace pour l'ordre public, à l'étranger [...] dont l'admission au séjour répond à des considérations humanitaires ou se justifie au regard des motifs exceptionnels."
2. Accord franco-algérien du 27 décembre 1968: Cet accord régit les conditions de séjour des ressortissants algériens en France et permet une appréciation large des situations individuelles.
> "Les stipulations de cet accord n'interdisent pas au préfet, dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire dont il dispose sur ce point, d'apprécier, en fonction de l'ensemble des éléments de la situation personnelle de l'intéressé, l'opportunité d'une mesure de régularisation."
En conclusion, la décision souligne l'importance d'apprécier les situations individuelles des étrangers dans le cadre des décisions de régularisation et rappelle aux autorités un devoir d'examen sérieux et motivé des demandes présentées.