Résumé de la décision
La Cour de Cassation a été saisie d'un pourvoi formé dans l'intérêt de la loi par le procureur général contre un arrêt de la Cour d'appel de Colmar qui avait relaxé Louis Widerkehr, gérant-directeur de la papeterie Scherb, de la prévention de déversement de substances nuisibles au poisson dans la rivière la Fecht. Les faits établissent qu'un déversement d'eaux résiduaires de l'usine a causé la destruction de nombreux poissons. La Cour d'appel a justifié sa décision en considérant que le déversement était dû à un accident imprévisible survenu en l'absence de Widerkehr. La Cour de Cassation a cassé cette décision, soulignant que la responsabilité pénale peut être engagée même en cas de déversement accidentel.
Arguments pertinents
1. Violation de la loi : La Cour de Cassation a affirmé que l'arrêt de la Cour d'appel a violé l'article 25 de la loi du 15 avril 1829, modifié par la loi du 9 février 1949, qui punit quiconque déverse volontairement des substances nuisibles dans un cours d'eau, indépendamment des intentions de l'auteur. La Cour a précisé que "contrevient aux dispositions de l'article 25... quiconque a déversé volontairement, dans un cours d'eau, des substances... de nature à enivrer le poisson ou à le détruire".
2. Responsabilité pénale : La décision souligne que, bien que la responsabilité pénale soit généralement personnelle, elle peut être engagée pour le fait d'autrui dans des cas où des obligations légales imposent un devoir de contrôle. La Cour a noté que "la responsabilité pénale remonte essentiellement aux chefs d'entreprise, à qui sont personnellement imposés les conditions et le mode d'exploitation de leur industrie".
Interprétations et citations légales
La décision repose principalement sur l'interprétation de l'article 25 de la loi du 15 avril 1829, modifié par la loi du 9 février 1949. Cet article stipule que :
- Loi du 15 avril 1829 - Article 25 : "Quiconque aura jeté dans les eaux des drogues ou appâts qui sont de nature à enivrer le poisson ou à le détruire sera puni des peines correctionnelles". Ce texte établit clairement que le déversement de substances nuisibles est une infraction pénale, sans distinction entre intentionnel et accidentel, sauf en cas de pollution involontaire par des déversements industriels.
La Cour a également évoqué le principe selon lequel la responsabilité pénale peut remonter aux chefs d'entreprise, en soulignant que "dans les industries soumises à des règlements édictés dans un intérêt de salubrité ou de sûreté publiques, la responsabilité pénale remonte essentiellement aux chefs d'entreprise". Cela signifie que même si un accident survient, le gérant de l'entreprise peut être tenu responsable si les conditions de sécurité n'ont pas été respectées.
En conclusion, la Cour de Cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, affirmant que la relaxe de Widerkehr n'était pas fondée sur une base légale adéquate, en raison de la violation manifeste des dispositions légales en matière de déversement de substances nuisibles.