Résumé de la décision
Dans cette affaire, demoiselle X... a introduit une action contre Y... pour obtenir une pension alimentaire pour leur enfant, né le 12 mars 1952, qu'elle prétendait issu de leurs relations, alors que Y... était marié. La Cour d'appel de Paris, par un arrêt du 5 juillet 1957, a reconnu la paternité adultérine de Y... et l'a condamné à verser une pension alimentaire mensuelle de 8000 francs. Y... a formé un pourvoi, soutenant que la preuve de la filiation adultérine devait être établie selon les règles strictes de l'article 340 du Code civil.
Arguments pertinents
La Cour d'appel a rejeté les arguments de Y..., affirmant que l'action en demande d'aliments, prévue par l'article 342 du Code civil, ne nécessite pas la même rigueur de preuve que celle exigée pour établir la filiation. La Cour a précisé que :
- L'article 342 du Code civil, modifié par la loi du 15 juillet 1955, permet à l'enfant adultérin de réclamer des aliments sans qu'une déclaration judiciaire de filiation soit nécessaire.
- La preuve de la paternité peut être rapportée par tous moyens, contrairement aux règles restrictives de l'article 340 du Code civil qui s'appliquent à l'établissement de la filiation.
La Cour a conclu qu'il existait des "présomptions graves, précises et concordantes" pour établir la paternité de Y..., ce qui a suffi à justifier la décision.
Interprétations et citations légales
L'arrêt s'appuie sur une distinction claire entre les actions en reconnaissance de filiation et celles en demande d'aliments. La Cour souligne que :
- Code civil - Article 340 : Cet article impose des règles strictes pour établir la filiation hors mariage, nécessitant des preuves spécifiques.
- Code civil - Article 342 : Cet article, modifié par la loi du 15 juillet 1955, permet à l'enfant adultérin de réclamer des aliments sans avoir à établir formellement la filiation par une déclaration judiciaire. La Cour précise que "la simple mais indispensable constatation en fait du lien du sang" est suffisante pour cette action.
Ainsi, la décision de la Cour d'appel repose sur l'interprétation que l'action alimentaire est distincte et indépendante de la reconnaissance de filiation, permettant une plus grande flexibilité dans la preuve de la paternité. Cette approche favorise les droits des enfants adultérins en leur permettant d'accéder à des ressources alimentaires sans les contraintes des procédures de filiation.