Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par le Syndicat départemental CFTC des salariés des Industries chimiques et parachimiques contre un arrêt de la Cour d'appel de Riom, qui avait déclaré le syndicat irrecevable dans son action contre plusieurs personnes et la Société Manufacture française de Pneumatiques Michelin, pour entrave au fonctionnement d'un comité d'entreprise. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, estimant que le syndicat avait qualité pour agir en justice au nom de l'intérêt collectif des travailleurs, même si les faits concernaient un comité d'établissement spécifique.
Arguments pertinents
1. Qualité d'action du syndicat : La Cour a affirmé que les syndicats professionnels, en vertu de l'article 11 du livre III du Code du travail, sont habilités à agir en tant que partie civile pour des faits portant préjudice à l'intérêt collectif de la profession qu'ils représentent. Cela inclut les entraves au fonctionnement des comités d'entreprise.
2. Intérêt collectif vs. intérêt particulier : La Cour a souligné que même si les faits reprochés concernaient un comité d'établissement spécifique, cela ne limitait pas l'intérêt collectif des travailleurs représentés par le syndicat. Les comités d'établissement ont des attributions qui touchent à l'intérêt collectif des salariés, indépendamment de la taille ou de la portée de l'établissement concerné.
3. Existence du préjudice : La Cour a également noté que le préjudice subi par la profession pouvait être établi par l'existence même des entraves au fonctionnement du comité, ce qui justifiait l'action du syndicat.
Interprétations et citations légales
1. Article 11 du livre III du Code du travail : Cet article confère aux syndicats la capacité d'agir en justice pour défendre les intérêts collectifs des travailleurs. La Cour a interprété cet article comme permettant aux syndicats d'intervenir même lorsque les faits concernent un nombre limité de travailleurs.
2. Ordonnance du 22 février 1945 - Article 2 : Cet article définit les attributions des comités d'entreprise, y compris la gestion des conditions de travail et de vie des salariés. La Cour a précisé que ces attributions concernent l'intérêt collectif de la profession, même si l'activité du comité ne touche qu'un nombre restreint d'ouvriers.
3. Article 567 du Code de procédure pénale : La Cour a clarifié que la restriction d'un pourvoi à la partie civile ne s'applique que lorsque la décision a statué sur le fond. Dans le cas présent, la décision ne portait que sur la recevabilité de l'action, ce qui permettait au syndicat de se pourvoir en cassation.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a réaffirmé le droit des syndicats à agir en justice pour défendre les intérêts collectifs des travailleurs, en insistant sur le fait que les entraves au fonctionnement des comités d'entreprise sont constitutives d'un préjudice pour l'ensemble de la profession.