Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi contre un arrêt de la Cour d'appel de Paris qui avait prononcé la relaxe d'un propriétaire, X..., poursuivi pour défrichement sans déclaration ni autorisation préalable. L'arrêt attaqué justifiait cette relaxe en se fondant sur un engagement contractuel de la société exploitante, "Les Matériaux Chartrains", qui avait pris en charge les formalités administratives nécessaires. La Cour de cassation a annulé cet arrêt, soulignant que la responsabilité du propriétaire est engagée en vertu des articles 157 et 161 du Code forestier, et que la bonne foi du contrevenant ne saurait constituer une excuse légale.
Arguments pertinents
1. Responsabilité du propriétaire : La Cour a rappelé que selon l'article 157 du Code forestier, le propriétaire qui souhaite défricher doit faire une déclaration préalable à la sous-préfecture. La responsabilité du propriétaire est exclusive et ne peut être transférée à un tiers, même si ce dernier s'engage à effectuer les formalités administratives.
> "Le propriétaire du bois défriché est seul passible des peines édictées par la loi" (Code forestier - Article 159).
2. Absence de justification légale : La Cour a souligné que la bonne foi du contrevenant ne peut pas constituer une excuse légale. En l'espèce, le propriétaire n'a pas pu justifier que le défrichement était le résultat d'un cas fortuit ou d'un délit auquel il était étranger.
> "En matière forestière, la bonne foi du contrevenant ne peut constituer une excuse légale".
3. Formalités obligatoires : La Cour a précisé que les formalités prescrites par l'article 157 pour la déclaration de défrichement et l'opposition de l'administration sont obligatoires. Le silence de l'administration ne peut être interprété en faveur du propriétaire que si les formalités ont été respectées.
> "L'accomplissement de ces formalités requises par le législateur doit être judiciairement établi et ne peut être ni supposé par des présomptions ni suppléé par des équivalents".
Interprétations et citations légales
La décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation stricte des articles du Code forestier, notamment :
- Code forestier - Article 157 : Cet article stipule que le propriétaire qui veut défricher doit adresser une déclaration à la sous-préfecture au moins quatre mois à l'avance. Pendant ce délai, l'administration peut faire opposition au défrichement. La Cour a insisté sur le fait que cette déclaration doit être faite dans les formes et délais prescrits pour être valide.
- Code forestier - Article 161 : Cet article précise que le propriétaire est seul responsable des infractions liées au défrichement. La Cour a souligné que cette responsabilité est inaliénable et ne peut être transférée à un tiers.
En conclusion, la Cour de cassation a affirmé que la responsabilité du propriétaire en matière de défrichement est claire et ne peut être atténuée par des engagements contractuels pris par des tiers. La décision a été cassée et renvoyée devant la Cour d'appel d'Orléans pour un nouvel examen conforme à la loi.