Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi formé contre une ordonnance du Président du Tribunal Civil d'Auch, datée du 6 mars 1958, qui a prononcé l'expropriation d'un terrain appartenant à X... au profit de la commune de Sarrant, dans le cadre de la translation d'un cimetière déclarée d'utilité publique par un décret du 7 décembre 1948. Le pourvoi soutenait que l'ordonnance était nulle en raison de l'expiration du délai de deux ans prévu par le décret initial et que la procédure d'expropriation avait été entachée de vices, notamment en ce qui concerne l'enquête parcellaire et la notification aux co-propriétaires. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi, confirmant la validité de l'ordonnance d'expropriation.
Arguments pertinents
1. Validité de l'ordonnance d'expropriation : La Cour a jugé que le nouveau juge avait statué dans l'état où se trouvait la procédure au moment de la première ordonnance d'expropriation, qui avait été rendue dans le délai imparti par le décret initial. Ainsi, il n'était pas nécessaire de se prononcer sur la prorogation du délai par les décrets ultérieurs. La Cour a affirmé : « il est sans intérêt de rechercher si les deux décrets critiques ont eu pour effet de proroger le délai prévu au décret du 7 décembre 1948 ».
2. Respect des formalités de l'enquête parcellaire : Concernant l'enquête effectuée, la Cour a constaté que l'avertissement collectif avait été publié dans le journal local le 16 novembre 1957, et non le 26 novembre comme indiqué par erreur dans l'ordonnance attaquée. Cela a permis de valider la procédure d'enquête, rendant ainsi le moyen non fondé.
3. Procédure d'expropriation contre le seul propriétaire : La Cour a également rejeté l'argument selon lequel l'expropriation aurait dû être prononcée contre tous les co-propriétaires. Elle a souligné qu'il n'était pas établi que l'administration avait été mise en demeure d'agir contre la co-propriétaire, rendant ainsi l'expropriation valide contre X... seul.
Interprétations et citations légales
1. Sur la prorogation du délai d'expropriation : La décision souligne que le juge de renvoi, après cassation d'une ordonnance précédente, est compétent pour statuer sur l'affaire dans l'état où elle se trouvait à la date de la première ordonnance. Cela se fonde sur le principe selon lequel « l'arrêt de cassation a substitué ce magistrat au premier dans toutes les attributions qui lui avaient appartenu sur le litige ».
2. Sur l'enquête parcellaire : La Cour a fait référence à la nécessité de respecter les formalités substantielles lors de l'enquête parcellaire, mais a constaté que ces formalités avaient été respectées dans le cas présent, ce qui est conforme aux exigences de l'article 37 de la loi du 23 juillet 1947.
3. Sur la notification aux co-propriétaires : La décision rappelle que l'expropriation peut être prononcée contre un seul propriétaire lorsque l'administration n'a pas été informée d'autres propriétaires. Cela est en accord avec le principe général du droit de l'expropriation, qui stipule que l'expropriation doit être effectuée conformément aux règles établies, mais que la responsabilité de la notification incombe à l'administration.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a confirmé la légalité de l'ordonnance d'expropriation, rejetant les arguments du pourvoi sur la base du respect des délais et des formalités légales.