Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre la société Bondiou et Fils et la Caisse primaire de sécurité sociale du Cher, portant sur l'application d'un abattement de 10 % pour frais professionnels sur les salaires versés aux employés de la société pendant une période déterminée (1er décembre 1958 au 31 octobre 1959). La Cour d'appel de Bourges avait statué en faveur de la société, mais la Cour de cassation a annulé cet arrêt, estimant que les juges d'appel n'avaient pas vérifié si les salariés bénéficiaient effectivement de la réduction d'impôts prévue par la législation applicable. La Cour a renvoyé l'affaire devant la Cour d'appel de Poitiers pour qu'elle examine cette question.
Arguments pertinents
1. Droit à l'abattement : La Cour de cassation a souligné que le droit à l'abattement pour frais professionnels doit être reconnu lorsque l'administration fiscale a accordé une réduction d'impôts au salarié. Cela est fondé sur l'article 145, paragraphe 2, du décret du 8 juin 1946, qui stipule que la rémunération de base fait l'objet d'un abattement en raison des frais professionnels incorporés.
> "Le droit à cet abattement doit être nécessairement reconnu, lorsqu'il est justifié que l'administration des contributions directes fait bénéficier un salarié de la réduction d'impôts sur les traitements et salaires prévue par le texte susvisé."
2. Obligation de vérification : La Cour a critiqué la Cour d'appel pour ne pas avoir vérifié si la réduction litigieuse avait été définitivement accordée aux salariés de la société Bondiou. Cette vérification était essentielle pour que la Cour de cassation puisse exercer son contrôle sur le bien-fondé de la demande de l'entreprise.
> "En ne procédant pas à cette vérification, les juges d'appel n'ont pas mis la Cour de cassation en mesure d'exercer son contrôle sur le bien-fondé de la demande de l'entreprise intéressée."
Interprétations et citations légales
1. Article 145, paragraphe 2, du décret du 8 juin 1946 : Cet article établit les conditions d'application de l'abattement pour frais professionnels, en précisant que l'abattement est applicable lorsque le salarié bénéficie d'une réduction d'impôts. La Cour a interprété cet article comme imposant une obligation de reconnaissance de l'abattement lorsque les conditions sont remplies.
2. Article 5, annexe 4, du Code général des impôts : Cet article précise que certains ouvriers, notamment ceux du bâtiment, peuvent bénéficier d'une déduction supplémentaire pour frais professionnels. La Cour a noté que l'activité de la société Bondiou était conforme à cette disposition, ce qui justifiait l'application de l'abattement.
> "Les ouvriers du bâtiment visés aux paragraphes 1 et 2 de l'article 1er du décret du 17 novembre 1936, à l'exclusion de ceux travaillant en usine ou en atelier, bénéficient d'une déduction supplémentaire pour frais professionnels égale à 10 %."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de la vérification des droits des salariés en matière d'abattement fiscal et souligne la nécessité pour les juges d'examiner rigoureusement les éléments de preuve avant de statuer sur des questions fiscales.