Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. D... C..., père de M. B... E..., contestait un titre exécutoire émis à son encontre par le président du conseil départemental de la Seine-Maritime, lui réclamant une somme de 206,58 euros pour la prise en charge de son enfant par le service d'aide sociale à l'enfance. Après que le tribunal administratif de Rouen a décliné sa compétence, le tribunal judiciaire de Rouen a renvoyé la question au Tribunal des conflits. Ce dernier a décidé que la juridiction administrative est compétente pour traiter cette demande, annulant ainsi l'ordonnance de la présidente du tribunal administratif et déclarant nulle la procédure devant le tribunal judiciaire, à l'exception de son jugement du 13 avril 2023.
Arguments pertinents
1. Compétence juridictionnelle : Le Tribunal des conflits souligne que le différend entre M. C... et le conseil départemental concerne la mise en œuvre de l'obligation légale des parents à contribuer aux frais d'entretien de leur enfant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. En conséquence, il relève de la compétence des juridictions administratives, car il s'agit d'une décision administrative de récupération de sommes dues par les parents, non pas d'une demande d'aliments au sens strict. La décision statuant ainsi est une application de la loi.
> « La décision par laquelle un département met à la charge des parents d'un enfant mineur, confié aux services de l'aide sociale à l'enfance... une somme à titre de contribution aux frais d'entretien et d'éducation de cet enfant procède de la mise en œuvre de l'obligation légale qui incombe aux parents. »
2. Lien avec l'aide sociale : Le Tribunal précise que la mise à contribution des parents est une modalité d'application de l'obligation alimentaire, selon les articles du Code de l'action sociale et des familles, rappelant que ces décisions doivent être tranchées par le juge administratif conformément à l'article L. 134-3 du même code.
> « Il en résulte que la contestation soulevée par M. C... relève de la compétence des juridictions de l'ordre administratif. »
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 375-3 : Cet article stipule que le juge des enfants peut confier un mineur à un service départemental d'aide sociale si sa protection l'exige. Cette fondation légale entraîne la possibilité pour le conseil départemental d'exiger des contributions de la part des parents.
2. Code civil - Article 375-8 : Cet article insiste sur la responsabilité continue des parents en matière de frais d'entretien et d'éducation de l'enfant placé, sauf décision judiciaire de décharge. Cela renforce l'idée que les parents doivent contribuer aux financements liés à l'éducation de leur enfant, même en cas de placement.
3. Code de l'action sociale et des familles - Article L. 228-2 : Cet article précise que le service d'aide sociale à l'enfance peut demander une contribution pour les frais engagés pour le mineur. Cette disposition légale souligne encore une fois la nécessité pour le département d'être remboursé par les parents.
> « Une contribution peut être demandée à toute personne prise en charge par le service de l'aide sociale à l'enfance ou, si elle est mineure, à ses débiteurs d'aliments. »
4. Code de l'action sociale et des familles - Article L. 134-3 : Cet article détermine que les juridictions judiciaires connaissent des litiges résultant de l'application de certaines articles relatifs à l'obligation alimentaire, ce qui permet de comprendre la portée de la compétence judiciaire par rapport à celle administrative dans ce contexte.
> « Le juge judiciaire connaît des litiges : 1° Résultant de l'application de l'article L. 132-6 (...) ».
En conclusion, les diverses dispositions réglementaires et les interprétations fournies par le Tribunal des conflits clarifient que les obligations financières des parents envers l'aide sociale à l'enfance relèvent, par nature, de la compétence des juridictions administratives.