Résumé de la décision
La société Aéroport Toulouse Blagnac, concessionnaire de l'aérodrome éponyme, a été impliquée dans un litige après qu'un aéronef de la compagnie Corsair ait heurté une balise temporaire. En conséquence, l'assureur Allianz global corporate et specialty, subrogé dans les droits de la compagnie Corsair, a recherché la responsabilité contractuelle et extracontractuelle des entreprises Engérop conseil et ingénierie et Spie Sud-Ouest. Le tribunal administratif de Toulouse a initialement statué en faveur de l'assureur avant que cette décision ne soit annulée par la cour administrative d'appel de Bordeaux. En dernier recours, le Conseil d'État a tranché sur la compétence des juridictions, déclarant que les contrats en question relèvent du droit privé et de la juridiction judiciaire, se fondant sur le fait que les dommages n'étaient pas causés par l'exercice de prérogatives de puissance publique.
Arguments pertinents
1. Nature de la concession : Le Tribunal a établi que la société Aéroport Toulouse Blagnac, en tant que concessionnaire, n'agit pas en tant que mandataire de l'État. « ...ne saurait être regardée comme un mandataire de l'État. » La concession ne transfère pas la responsabilité de l'État à la société, mais confère à celle-ci la responsabilité d'exécuter des travaux sous son propre nom.
2. Compétence des juridictions : Il a été conclu que les travaux exécutés par la société Aéroport Toulouse Blagnac sont des contrats de droit privé. « ...les contrats passés par cette société pour la réalisation des travaux de rénovation du balisage lumineux des pistes de l’aérodrome sont des contrats de droit privé. » Cela signifie que les litiges doivent être traités par la juridiction judiciaire.
3. Absence de prérogatives de puissance publique : Le Tribunal a noté que les dommages subis par la société Allianz ne résultent pas de l'exercice de prérogatives de puissance publique, mais relèvent de la gestion normale d'infrastructures aéroportuaires. Cela renforce l'idée que ce litige doit être traité selon les règles du droit privé.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la loi de 1872 : La loi du 24 mai 1872 établit les bases concernant la responsabilité des personnes publiques, mais, dans ce cas, la juridiction a déterminé qu'Aéroport Toulouse Blagnac ne peut pas être considérée comme exerçant des prérogatives de l'État, ce qui diffuse la question de compétence.
2. Décret n° 2007-244 et les cahiers des charges : Le décret précise que les concessions sont régies par des conditions spécifiques qui confèrent au concessionnaire des responsabilités claires, en excluant toute représentation de l'État. « Ni la définition des missions confiées à la société Aéroport Toulouse Blagnac... ne permettent de la regarder comme ayant en réalité pour objet de confier à la société Aéroport Toulouse Blagnac le soin d’agir non pas en son nom propre mais au nom et pour le compte de l’État. »
3. Code de l'aviation civile et Code des transports : Ces codes sont régis par des principes de gestion des infrastructures publiques et des services aéroportuaires, mais leur interprétation ici confirme que les actions de la société Aéroport Toulouse Blagnac relèvent des normes de droit privé, renforçant la compétence de la juridiction judiciaire plutôt que administrative.
Conclusion
La décision de la juridiction judiciaire, sur la compétence des litiges liés aux contrats passés lors de l'exploitation de l'aérodrome de Toulouse Blagnac, repose sur des raisons solides concernant la nature des contrats ainsi que l'absence de prérogatives de puissance publique dans les actions des concessionnaires. Ces points conduisent à des implications importantes pour la responsabilité juridique et les recours appropriés dans ce type de situation.