Résumé de la décision
La décision porte sur une requête formulée par M. K... et d'autres, visant à ce que le Tribunal des conflits déclare nulle la décision du Conseil d'État en date du 26 novembre 2012, qui avait rejeté leur recours contre le refus du Premier ministre de déposer un projet de loi pour transposer une directive européenne. Les requérants soutenaient que la juridiction administrative et la juridiction judiciaire étaient chacune compétentes pour connaître du litige. Cependant, le Tribunal a conclu qu'aucun des deux ordres de juridiction n'était compétent pour traiter ce refus, qui concerne une question d'actes de gouvernement liés à des relations internationales. Par conséquent, la requête a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Incompétence des juridictions : Le Tribunal a confirmé que le refus du Premier ministre de soumettre un projet de loi touche à la conduite des relations internationales de la France, ce qui constitue un acte de gouvernement. Par conséquent, ni la juridiction administrative ni la juridiction judiciaire ne sont compétentes. La décision souligne que "ni la juridiction administrative ni la juridiction judiciaire ne sont compétentes pour en connaître".
2. Absence de conflit négatif : En reconnaissant l'incompétence des deux juridictions, le Tribunal a conclu qu'il n'y avait pas de conflit négatif de compétence, ce qui légitime la non-admission de la requête. Il a précisé que "les deux ordres de juridiction se sont déclarés incompétents pour connaître du litige".
Interprétations et citations légales
1. Loi des 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III : Ces textes posent le principe de la séparation des pouvoirs, limitant les compétences respectives des juridictions administrative et judiciaire. Cette séparation implique qu'il existe des actes de gouvernement qui échappent à tout contrôle juridictionnel.
2. Loi du 24 mai 1872 modifiée par la loi n° 2015-177 du 16 février 2015, notamment son article 13 : Cette loi réglemente le contentieux administratif et souligne que les actes de gouvernement ne sont, en principe, pas susceptibles de recours.
3. Degré d'examen : Le Tribunal a estimé qu'il n'était pas nécessaire de soulever une question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union européenne concernant la validité de la décision-cadre, car la question de compétence était suffisamment claire.
L'interprétation des lois en jeu, notamment la séparation des pouvoirs et la nature des actes de gouvernement, se manifeste dans la décision à travers l'idée que certains litiges ne peuvent être soumis à aucune juridiction ordinaire. Le Tribunal des conflits a donc fait assortir sa décision d'un raisonnement fondé sur le respect des prérogatives de l'exécutif dans sa relation avec le pouvoir législatif. Cela met en évidence une protection des actes politiques et de la souveraineté nationale vis-à-vis du contrôle judiciaire.