Résumé de la décision
Les faits portent sur la mise à disposition par M. et Mme A... d'une parcelle de terrain à la commune de Saint-Palais-sur-Mer, initialement prévue pour une durée de quatre ans pour l'aménagement d'une aire de sport. Après l'expiration de la convention, la commune est restée dans les lieux sans accord des propriétaires. M. et Mme A... ont alors contesté cette occupation en saisissant le tribunal de grande instance, qui a renvoyé le dossier au tribunal administratif. Ce dernier a annulé la décision de la commune concernant leur demande de restitution, mais a renvoyé les demandes d'indemnisation au juge judiciaire, estimant que le litige était de nature à relever de la compétence judiciaire. Le Tribunal des conflits a été saisi pour trancher sur la question de compétence. La décision conclut que la juridiction administrative est compétente pour connaître des conclusions d'indemnisation.
Arguments pertinents
1. Existence d'une voie de fait : M. et Mme A... ont invoqué l'occupation illégale de leur terrain, ce qui a amené les deux juridictions à se prononcer sur le même litige. Le Tribunal a confirmé que cette dualité n'affecte pas le renvoi au Tribunal des conflits.
> « ...les deux juridictions ont été saisies du même litige, alors même que les requérants ont saisi la première en invoquant une voie de fait, tandis que la seconde a retenu l'existence d'une emprise irrégulière. »
2. Compétence de l'autorité administrative : La décision clarifie que la responsabilité de l'État et des personnes morales de droit public s'inscrit dans un cadre de droit public, alors que la compétence judiciaire n'est requise qu'en cas d'atteinte définitive au droit de propriété.
> « ...la responsabilité... en raison des dommages imputés à leurs services publics administratifs est soumise à un régime de droit public et relève en conséquence de la juridiction administrative. »
3. Indemnisation et maintien de la propriété : La commune ayant occupé le terrain ne dépossède pas M. et Mme A... de leur bien, ce qui inscrit le litige dans le droit administratif.
> « ...l'occupation de la parcelle de terrain... n'a pas eu pour effet de les en déposséder définitivement. »
Interprétations et citations légales
1. Détermination de la compétence : La loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III établissent le principe de séparation des autorités administratives et judiciaires. Ces textes déterminent où doit être portée la demande de réparation en cas d'atteinte à la propriété privée pouvant être imputée à une décision administrative :
> Loi des 16-24 août 1790 - Article 13 : « Il n'y aura point de juridiction supérieure à celle des juges ordinaires, si ce n'est celle assignée par la loi. »
2. Règles sur la responsabilité administrative : Le Code des relations entre le public et l’administration (CRPA) précise le cadre des décisions administratives pouvant donner lieu à réparation.
> CRPA - Article L. 1 : « Les personnes publiques sont responsables des dommages causés par le fonctionnement de leurs services publics. »
3. Emprise irrégulière et indemnisation : La décision reprend le fait qu'une emprise irrégulière ne constitue pas nécessairement une dépossibilité définitive du droit de propriété, gardant par conséquent l’exclusivité de la compétence aux juridictions administratives pour les demandes en réparation :
> Code civil - Article 544 : « La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue. »
En conclusion, cette décision met en lumière le cadre juridique entourant les litiges relevant des compétences des juridictions administratives et judiciaires, tout en se basant sur des doctrines juridiques bien établies et une analyse précise des faits en question.