Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre M. B..., locataire d'un terrain appartenant à la SNCF (Société nationale des chemins de fer français), et Réseau ferré de France (RFF), qui a succédé à la SNCF. M. B... avait occupé le terrain sous convention depuis 1995, mais a cessé de payer ses redevances depuis 2000. RFF a résilié la convention en 2002 et, après obtention d'une autorisation préfectorale, a démoli les bâtiments sur le terrain en 2009. M. B... a demandé réparation pour les préjudices subis après son expulsion et la destruction de ses biens. Le tribunal administratif a déclaré ne pas être compétent en raison d'une voie de fait, décision infirmée par la cour d'appel, qui a transmis la question de compétence au Tribunal. La décision finale affirme que la juridiction administrative est compétente pour le litige et annule les décisions précédentes du tribunal administratif et du tribunal de grande instance.
Arguments pertinents
1. Compétence juridictionnelle : Le tribunal souligne que la question de la compétence se situe autour de la notion de voie de fait, qui justifie le recours au juge judiciaire en cas d'exécution forcée irrégulière par l'administration. Toutefois, "il n'y a voie de fait de la part de l'administration... que dans la mesure où l'administration soit... à l'extinction d'un droit de propriété".
2. Propriété des biens : Il est déterminé que RFF était propriétaire des bâtiments après la fin de la convention avec M. B..., ce qui exclut la possibilité d'une voie de fait concernant la démolition. Le tribunal conclut que "la destruction en 2009 ne saurait dès lors être constitutive d'une voie de fait".
3. Absence de preuve de propriété : En ce qui concerne les biens mobiliers entreposés, la décision note que M. B... n’a pas prouvé sa propriété sur ceux-ci. "M. B..., qui n'a pas produit devant le Tribunal, n'apporte aucun élément nouveau à cet égard", ce qui indique que la destruction de ces biens ne peut pas être considérée comme une atteinte à ses droits de propriété.
Interprétations et citations légales
La décision repose sur plusieurs textes de loi qui régissent les relations entre l'administration et les tribunaux :
- Loi du 24 mai 1872 : Elle instaure le principe selon lequel la compétence des juridictions administratives et judiciaires est distincte mais peut être remise en question par la notion de voie de fait.
- Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Ce décret souligne les conditions dans lesquelles les tribunaux doivent se prononcer sur les compétences respectives des ordres judiciaire et administratif.
Le tribunal rappelle que pour qu'il y ait voie de fait, l'administration doit agir dans des conditions irrégulières portant atteinte à la liberté individuelle ou à un droit de propriété, selon la jurisprudence consolidée.
Ces considérations sont essentielles pour l'analyse de cette décision, illustrant l'interaction complexe entre le domaine public, la propriété privée et les compétences juridictionnelles.