Résumé de la décision
Dans l'affaire opposant la société Roche à l'Autorité de la concurrence, celle-ci a été sanctionnée par une décision n° 20-D-11 pour abus de position dominante sur le marché du traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge exsudative. Roche a formé un recours contre cette décision par la cour d'appel de Paris, tout en demandant au délégué du premier président de cette cour d'invalidation de certaines communications relatives à la décision. L’ordonnance du délégué a déclaré la juridiction judiciaire incompétente. Toutefois, la chambre commerciale de la Cour de cassation a renvoyé la question de compétence au Tribunal des conflits, qui a conclu que le litige relevait de la compétence de la juridiction judiciaire.
Arguments pertinents
1. Compétence de la juridiction judiciaire : Le Tribunal des conflits a jugé que "la diffusion par l'Autorité de la concurrence... d'une vidéo et de commentaires se rapportant uniquement à cette sanction particulière n'est pas dissociable de la décision de sanction elle-même". De ce fait, le litige opposant Roche à l'Autorité de la concurrence doit être tranché par une juridiction judiciaire, en l’occurrence la cour d'appel de Paris.
2. Application de l'article L. 464-8 : En vertu de cet article, "les décisions prises par l'Autorité de la concurrence... peuvent faire l'objet d'un recours en annulation ou en réformation devant la cour d'appel de Paris", ce qui confère à cette cour compétence sur les décisions de l’Autorité en matière de sanction.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 464-8 du Code de commerce : Cet article stipule que les décisions de l'Autorité de la concurrence peuvent être contestées devant la cour d'appel de Paris, ce qui ancre la compétence de cette cour dans les litiges relatifs aux décisions de l'Autorité.
2. Loi des 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III : Ils posent le principe de séparation des autorités judiciaires et administratives. Dans ce cas précis, le tribunal a retenu que la communication de l'Autorité n'était pas exclusivement administrative, sa nature étant liée à la décision de sanction elle-même.
3. Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : L'article 35 de ce décret est évoqué pour justifier le renvoi de la question de compétence au Tribunal des conflits, qui joue un rôle crucial dans la détermination des compétences entre juridictions.
En conclusion, cette décision illustre la complexité des interactions entre les décisions des autorités administratives indépendantes et la compétence des juridictions judiciaires, tout en mettant en avant le lien qui existe entre une décision de sanction et sa communication publique. Le Tribunal des conflits souligne ainsi que la juridiction compétente pour le recours doit être en mesure de juger non seulement la décision, mais également les effets de sa communication.