Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre la commune de Phalsbourg et la société Gartiser, aux droits de laquelle se trouve la société SGTP 67. Par un acte de vente daté du 25 août 2000, la commune a cédé une parcelle de son domaine privé à la société, en vue de la construction d'un bâtiment industriel. Cependant, la commune a prononcé la résolution de la vente pour non-respect des délais de construction. La question principale était de déterminer quelle juridiction était compétente pour connaître de la demande indemnitaire de la société suite à cette résolution. Le Tribunal des conflits a décidé que la juridiction judiciaire était compétente, déclarant nulle et non avenue la décision de la cour d'appel administratif qui impliquait la juridiction administrative.
Arguments pertinents
1. Nature du contrat : La décision souligne que "le contrat par lequel une personne publique cède des biens immobiliers faisant partie de son domaine privé est en principe un contrat de droit privé" (paragraphe 1). Ce principe s'applique sauf si le contrat a pour objet l'exécution d'un service public ou contient des clauses dérogeant au régime des contrats administratifs dans l'intérêt général. En l'espèce, la vente d'une parcelle ne répondait pas à ces critères.
2. Engagements spécifiques : Bien que la société ait fait des engagements conditionnels (comme le dépôt d'un permis de construire), ces engagements ne suffisent pas à qualifier le contrat de contrat administratif. Le Tribunal a jugé que "ni les clauses... ni aucune autre clause n'impliquent que, dans l'intérêt général, le contrat relève du régime exorbitant des contrats administratifs" (paragraphe 3).
3. Compétence judiciaire : En conséquence, il a été statué que "la juridiction de l'ordre judiciaire est compétente pour connaître du litige opposant la société Gartiser et la commune de Phalsbourg" (Article 1).
Interprétations et citations légales
1. Loi des 16-24 août 1790 : Ce texte établit le principe de la séparation des pouvoirs et a été évoqué en ce qui concerne la compétence des juridictions. Il précède et influence le cadre moderne des compétences respectives entre juridictions administratives et judiciaires.
2. Code civil : La base des contrats entre individus, y compris les collectivités publiques, est concernée ici. En effet, le Tribunal a affirmé que le contrat de la commune devait être traité selon les règles du droit privé, ce qui est un reflet de principes des contrats traditionnels. Le Code civil - Article 1101 stipule que "le contrat est un accord de volontés destiné à créer des obligations".
3. Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Ce décret s'inscrit dans le cadre des dispositions modernes concernant les contrats administratifs. Cependant, dans ce cas précis, il sert à illustrer que malgré les prérogatives de la commune, les éléments de ce contrat ne relèvent pas du droit administratif.
En résumé, la décision démontre l'importance de la nature et des clauses d'un contrat pour déterminer la compétence juridictionnelle, en s'appuyant sur des principes juridiques classiques tout en confirmant la prééminence des règles du droit privé dans le cadre de la cession de biens immobiliers par une personne publique.