Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... et M. B... ont acquis un bien immobilier auprès de la communauté de l'agglomération havraise (CODAH), qui est devenu la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole (CULHSM). Un contrat stipulait que la CODAH réaliserait des travaux spécifiques dans le cadre de la construction d'une ligne de tramway. Estimant que ces travaux n'avaient pas été réalisés correctement, les requérants ont tenté d'intenter une action en justice. Leur demande a d'abord été rejetée par le tribunal judiciaire comme étant portée devant une juridiction incompétente. Ils se sont donc tournés vers le tribunal administratif de Rouen, qui a sursis à statuer en saisissant un autre tribunal sur la question de la compétence juridictionnelle. En fin de compte, il a été décidé que le litige relevait de la compétence de la juridiction judiciaire, puisque le contrat à la base de la plainte était un contrat de droit privé.
Arguments pertinents
1. Incompétence de la juridiction judiciaire initiale : Le juge a initialement rejeté la demande des requérants en considérant que le litige relevait de travaux publics, et donc de la juridiction administrative. L'article 32 du décret du 27 février 2015 a permis la transmission de la question de compétence au Tribunal.
2. Qualification du contrat : La décision a retenu que le contrat d'achat matériellement conclu entre Mme A... et M. B... avec la CODAH est un contrat de droit privé, même s'il a pour objet des travaux d'intérêt général. « S'il appartient à la juridiction administrative de statuer sur les actions en responsabilité (...) à l'encontre du maître de l'ouvrage, il en va différemment lorsque le fondement de l'action engagée par la victime réside dans un contrat de droit privé. »
3. Nature des obligations : Le contrat de cession n'impliquait pas l'exécution d'un service public, et même si la CODAH avait l'obligation d'effectuer des travaux, cela ne créait pas des droits et obligations différents des lois civiles et commerciales. La décision conclut que les travaux relevés ne confèrent pas au contrat une nature administrative.
Interprétations et citations légales
1. Contrat de cession et droit privé : La qualification des contrats est primordiale. L'article 6 de la loi du 24 mai 1872 est mis en avant : « Les contrats par lesquels une personne publique cède des biens immobiliers faisant partie de son domaine privé devant être qualifiés de droit privé, sauf en cas d'exécution d'un service public. »
2. Distinction entre responsabilité civile et travaux publics : L'application du principe de la responsabilité civile pour les dommages résultant d'une mauvaise exécution d'un contrat privé est bien étayée par le raisonnement suivant du jugement : « lorsqu'une personne privée est liée à une personne publique par un contrat, elle ne peut exercer d'autre action en responsabilité contre cette personne publique au titre de l'inexécution ou la mauvaise exécution des obligations contractuelles que celle procédant de ce contrat. »
3. Conclusion sur la compétence : La décision conclut en réaffirmant que « l'action en responsabilité introduite par Mme A... et M. B... procède de la mauvaise exécution ou de l'inexécution d'un contrat de droit privé », conférant ainsi la compétence à la juridiction judiciaire pour connaître de ce litige, en vertu de l'article 1er de la décision qui stipule : « La juridiction de l'ordre judiciaire est compétente pour connaître du litige. »
Ces analyses soulignent l'importance de la qualification des contrats publics et privés dans le domaine des travaux publics, ainsi que la séparation des compétences entre les juridictions judiciaires et administratives en matière de contrats.