Résumé de la décision
La société Fertinagro a demandé à la cour d'annuler une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Pau, qui avait rejeté sa demande de provision concernant un rappel de taxe sur la valeur ajoutée à l'importation s'élevant à 4 524 194 euros. Après avoir examiné les arguments et les preuves présentés par la société, la cour a décidé d'accorder une provision de 1 907 210,60 euros à Fertinagro, tout en réformant l'ordonnance contestée. En outre, la cour a condamné l'État à verser 1 500 euros à la société au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative pour couvrir ses frais de justice. Le surplus des demandes a été rejeté.
Arguments pertinents
1. Existence de l'obligation non sérieusement contestable : La cour a précisé que pour accorder une provision, il convenait de vérifier que l’existence de l’obligation était "non sérieusement contestable". En se fondant sur l’article R. 541-1 du code de justice administrative, la cour a retenu que la mise en recouvrement du montant de 4 524 194 euros a initialement rendu cette somme exigible, permettant d'affirmer qu'une créance existait à cette hauteur.
2. Sursis de paiement et conséquence sur l'exigibilité : La décision a mis en lumière que la société a obtenu un sursis de paiement pour une partie des rappels de taxe, annulant ainsi l'exigibilité de 2 616 983,42 euros. Par conséquent, la cour a estimé que pour ce montant, le crédit de taxe n’était pas non sérieusement contestable. Cependant, pour le reste du montant (1 907 210,60 euros), les conditions de déduction de la taxe étaient satisfaites, ce qui justifiait l’octroi de la provision.
3. Frais de justice : Concernant les frais, la cour a fait application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative, soulignant qu’il était approprié de condamner l'État à verser une somme à Fertinagro pour couvrir les frais engagés dans le cadre de cette procédure.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article R. 541-1 : Cet article permet au juge des référés d'accorder une provision lorsque l’existence de l’obligation n’est pas contestable. La cour a appliqué cet article pour établir que la société Fertinagro pouvait revendiquer une créance à hauteur de 1 907 210,60 euros.
- Code général des impôts - Article 271 : La cour a également cité cet article pour expliquer que le droit à déduction de la TVA doit respecter des conditions spécifiques, en particulier que les biens et services soient utilisés pour des opérations imposables. La référence à l'article 271 a permis d'évaluer la légitimité de la demande de déduction de la société.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article a fondé la décision de la cour de condamner l'État au paiement de frais de justice, en prévoyant que "les frais de toute nature" sont à la charge de la partie perdante.
En conclusion, la décision met en exergue les principes de contestabilité et d'exigibilité dans le cadre des demandes de provision, tout en soulignant le rôle des sursis de paiement dans l'évaluation de la créance.