Résumé de la décision
M. A... B..., ressortissant marocain, a demandé un titre de séjour en France, que le préfet des Deux-Sèvres a rejeté par arrêté du 12 août 2020, en lui ordonnant de quitter le territoire. M. B... a contesté cette décision, et le tribunal administratif de Poitiers, par jugement du 15 décembre 2020, a annulé l'arrêté préfectoral, ordonnant la délivrance d'un titre de séjour à M. B... au motif que son droit à la vie privée et familiale était méconnu. Le préfet a interjeté appel de cette décision. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif en rejetant la requête du préfet.
Arguments pertinents
1. Délégation de signature : Le préfet soutenait que l'auteur de l'arrêté avait reçu une délégation de signature valide. Toutefois, ce point n'a pas suffi à justifier la légalité de la décision contestée.
2. Motivation de l'arrêté : Le préfet a également affirmé que l'arrêté était suffisamment motivé. Néanmoins, cela ne contrebalançait pas les éléments de vie privée et familiale de M. B...
3. Conditions d'octroi d'un titre de séjour : Le préfet a argué que M. B... ne remplissait pas les conditions pour obtenir un titre de séjour selon le 4° de l'article L. 313-11 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. Cependant, la cour a constaté que M. B... s'était marié avec une ressortissante française, établissant ainsi des liens affectifs et familiaux en France.
4. Incompatibilité avec la convention européenne : La cour a retenu que, en raison des circonstances de la relation de M. B..., son expulsion constituerait une violation de l'article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale.
Interprétations et citations légales
1. Droit à la vie privée et familiale :
- Article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales :
> "1. Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale...". La cour a mis en avant que M. B... avait établi un centre d'intérêts familiaux en France, notamment par son mariage et la stabilité de sa relation.
2. Conditions d'obtention d'un titre de séjour :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-11 : Le préfet a indiqué que M. B... ne remplissait pas les conditions pour l'obtention d'un titre de séjour. Cependant, la cour a considéré que le mariage survenu postérieurement à la demande était un élément atténuant et significatif pour la régularisation de la situation de M. B...
3. Omission de prise en compte des circonstances personnelles :
- La cour a noté que "cependant, il ressort des pièces du dossier qu'il s'est marié le 1er août 2020 avec une ressortissante française", soulignant l'importance des relations personnelles dans l'examen des demandes de titre de séjour.
En somme, l'analyse de la cour montre que les liens affectifs établis en France de M. B... ont prévalu sur les arguments juridiques du préfet concernant l'irrégularité de son entrée et les leçons que l'on pourrait tirer des conditions de délivrance des titres de séjour. Ces éléments illustrent la primauté des droits humains et la nécessité d'une approche humaine dans la gestion des demandes de séjour.