Résumé de la décision
La société Devoucoux Sellier, spécialisée dans la fabrication d'équipements de sellerie équestre, a contesté un jugement du tribunal administratif de Pau qui rejetait sa demande de décharge des pénalités de 40 % sur les compléments d'impôt sur les sociétés pour les exercices 2008 et 2009. Ces pénalités avaient été imposées suite à des réintégrations de provisions pour dépréciation de stocks lors d'une vérification de comptabilité. La cour a décidé d'annuler le jugement du tribunal administratif et a accordé la décharge des pénalités, substantiant son décision par le manque de preuve de la mauvaise foi ou des manœuvres frauduleuses de la société.
Arguments pertinents
1. Nature du manquement délibéré : L'administration fiscale doit prouver à la fois l'insuffisance ou l'inexactitude des déclarations et l'intention de la société de dissimuler des résultats imposables. La cour a statué que l'administration n'a pas réussi à prouver cette intention délibérée.
> "Pour établir de tels manquements, l'administration doit apporter la preuve, d'une part, de l'insuffisance, de l'inexactitude ou du caractère incomplet des déclarations et, d'autre part, de l'intention du contribuable d'éluder l'impôt."
2. Absence de récidive probante : Bien que des contrôles précédents aient eu lieu, ceux-ci n'ont pas remis en cause les pratiques comptables de la société relatives aux provisions pour dépréciation des stocks. La mention d'une "récidive" dans la proposition de vérification ne pouvait justifier les pénalités infligées.
> "Aussi bien, la proposition de vérification mentionne une 'récidive', mais celle-ci a trait aux règles de déductibilité en matière de taxe sur la valeur ajoutée."
3. Insuffisance de la justification apportée par l'administration : Le vérificateur a constaté des insuffisances dans les méthodes d'évaluation de la société, mais cela ne prouve pas de manière concluante l'existence d'un manquement délibéré.
> "Ces éléments sur la base desquels l'administration justifie les pénalités en litige ne suffisent pas à apporter la preuve de l'intention délibérée de dissimuler les résultats imposables de la société."
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 1729 : Cet article clarifie que les majorations pour manquement délibéré sont appliquées en cas de méconnaissance délibérée des obligations déclaratives. Pour établir un tel manquement, il faut que l'administration prouve l'inexactitude des déclarations et l'intention du contribuable de frauder.
> "Les inexactitudes ou les omissions... entraînent l'application d'une majoration de : / a. 40 % en cas de manquement délibéré."
- Livre des procédures fiscales - Article L. 195 A : Cet article stipule que la charge de la preuve de la mauvaise foi repose sur l'administration dans le cadre de la contestation des pénalités. Cela signifie que le contribuable n'a pas à prouver son innocence, mais l'administration doit prouver la culpabilité.
> "En cas de contestation des pénalités fiscales... la preuve de la mauvaise foi et des manoeuvres frauduleuses incombe à l'administration."
En conclusion, la décision de la cour met en exergue la nécessité pour l'administration fiscale de fournir des preuves concrètes lorsque des pénalités pour manquement délibéré sont envisagées. Les arguments de la société, fondés sur l'absence de mauvaise foi et sur la légitimité de ses pratiques, ont été jugés suffisants pour annuler les pénalités qui lui avaient été imposées.