Résumé de la décision
La société Smith International France a été soumise à une vérification de comptabilité sur la période allant de 2008 à 2011, au cours de laquelle l'administration fiscale a réintégré dans ses résultats imposables les impôts acquittés par la société en Algérie, au Cameroun et au Congo. La société a contesté ces réintégrations devant le tribunal administratif de Pau, qui a rejeté ses demandes. La cour a confirmé ce rejet en estimant que les conventions fiscales bilatérales entre la France et ces États précisaient que les impôts payés à l'étranger ne pouvaient pas être déduits du résultat imposable en France, mais seulement donner lieu à un crédit d'impôt.
Arguments pertinents
1. Validité de l'imposition : La cour a rappelé que le juge fiscal doit examiner d'abord la loi fiscale nationale pour valider l'imposition. Ensuite, il peut vérifier si les conventions fiscales internationales s'opposent à l'imposition. Cela est fondamental car "il incombe au juge de l'impôt [...] de se placer d'abord au regard de la loi fiscale nationale".
2. Caractère non déductible des impôts acquittés à l'étranger : Les conventions fiscales stipulent explicitement que les impôts payés dans ces États ne peuvent pas être déduits des résultats imposables en France. La cour a donc conclu que "l'impôt acquitté à l'étranger n'est pas déductible des résultats imposables en France, mais que le bénéficiaire a droit à un crédit d'impôt".
3. Absence de circonstances exceptionnelles : Même si la société contestait la réalité de son imposition à l'étranger, les conventions fiscales ne prévoient aucune exception pour le cas où le contribuable aurait été à tort imposé.
Interprétations et citations légales
1. Impôts déductibles en France : Selon les dispositions de l’article 39 du Code général des impôts : "Le bénéfice net est établi sous déduction de toutes charges, [...] notamment : / 4° [...] les impôts à la charge de l'entreprise [...]". Cela établit le principe général de déductibilité des impôts en France.
2. Effets des conventions fiscales : Les stipulations des conventions fiscales sont essentielles pour déterminer la possibilité de déduction des impôts. L’article 24-1 de la convention franco-algérienne, tout comme l’article 26-1 de la convention franco-camerounaise et l’article 25-1 de la convention franco-congolaise, précisent que les impôts acquittés ne sont pas déductibles dans le cas où les revenus sont imposés dans ces États.
3. Droit au crédit d’impôt : Les règles applicables précisent que "l’impôt acquitté à l'étranger n'est pas déductible des résultats imposables en France, [...] le bénéficiaire a droit à un crédit d'impôt”. Cela souligne la distinction entre la déduction et le crédit d’impôt, qui permet de réduire l'impôt dû en France sans permettre une déduction directe.
La décision repose donc clairement sur le respect des conventions fiscales et la hiérarchie entre la loi fiscale nationale et les accords internationaux, soulignant l'importance des stipulations des conventions pour l'imposition et la déductibilité des impôts à l'étranger.