Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre la Société Sotrel et M. B..., un salarié ayant été licencié pour inaptitude. Après un accident de travail, M. B... a été déclaré inapte par le médecin du travail. La société Sotrel a sollicité l'autorisation de licenciement, initialement accordée par l'inspecteur du travail. Cependant, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé cette décision, estimant que l'employeur n'avait pas satisfait à son obligation de reclassement. La Société Sotrel a alors sollicité la cour pour annuler ce jugement et confirmer le licenciement. La cour a rejeté la demande de la société, confirmant l'annulation du licenciement et ordonnant à la Société Sotrel de verser 1 500 euros à M. B... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Obligation de reclassement : La cour souligne que l'employeur a une obligation légale de rechercher toutes les possibilités de reclassement, même en cas d'inaptitude totale. L'article L. 122-24-4 du code du travail stipule que “l’employeur est tenu de proposer un autre emploi approprié à ses capacités”.
2. Précipitation du licenciement : La cour a noté que la société Sotrel a fait preuve de précipitation dans sa recherche de reclassement, initiant la procédure de licenciement avant d'avoir reçu toutes les réponses des autres sociétés du groupe. La cour a estimé que "la précipitation dans laquelle a été menée la recherche d'un reclassement [...] ne permettent pas de regarder la société Sotrel comme ayant satisfait à son obligation de reclassement".
Interprétations et citations légales
1. Interprétation du Code du travail - Article L. 122-24-4 : Cet article impose à l'employeur une responsabilité de reclassement active, même lorsque le médecin déclare un salarié inapte à son poste. L’interprétation donnée par la cour montre que cette obligation implique non seulement de proposer un autre emploi, mais également de prouver que l'employeur a exploré toutes les options de reclassement sérieusement et dans des délais raisonnables.
2. Citations du jugement : Le tribunal a affirmé que "l'inaptitude à tout emploi dans l'entreprise [...] ne dispense pas l'employeur de rechercher toute possibilité de reclassement". Cela met en avant la notion que la protection du salarié ne se limite pas à un simple examen médical mais requiert une action proactive de l'employeur.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Concernant les conclusions relatives aux frais de justice, la cour a précisé que "M. B... n'étant pas, dans la présente instance, la partie qui succombe", ce qui implique que les demandes de dommages-intérêts de la Société Sotrel ont été rejetées au profit de la condamnation de la société à verser une somme à M. B... pour couvrir ses frais de justice.