Résumé de la décision
M. A..., un demandeur d'asile camerounais, a contesté un arrêté du préfet du Nord qui ordonnait son transfert vers l'Italie, où il avait déjà présenté une demande d'asile. Après avoir formé un recours pour excès de pouvoir contre cet arrêté, le tribunal administratif de Lille a rejeté sa demande. M. A... a ensuite interjeté appel de cette décision. La cour a constaté que le délai de six mois pour le transfert, prévu par le règlement (UE) n° 604/2013, avait été interrompu par le recours de M. A... et qu'à la date de l'arrêt, la France était devenue responsable de l'examen de sa demande d'asile. Par conséquent, le litige était devenu sans objet, et la cour a décidé de ne pas statuer sur la requête de M. A... et de rejeter la demande de frais d'avocat.
Arguments pertinents
1. Interruption du délai de transfert : La cour a souligné que l'introduction d'un recours devant le tribunal administratif interrompt le délai de six mois pour le transfert, conformément à l'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013. Ce délai recommence à courir à partir de la notification du jugement au préfet, indépendamment de l'appel.
> "L'introduction d'un recours devant le tribunal administratif contre la décision de transfert a pour effet d'interrompre le délai de six mois fixé à l'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013."
2. Responsabilité de l'État : En raison de l'expiration du délai de six mois sans exécution du transfert, la France est devenue responsable de l'examen de la demande d'asile de M. A..., rendant le litige sans objet.
> "L'expiration a pour conséquence qu'en application des dispositions du paragraphe 2 de l'article 29 du règlement précité, l'État requérant devient responsable de l'examen de la demande de protection internationale."
3. Rejet de la demande de frais : La cour a également décidé qu'il n'y avait pas lieu de mettre à la charge de l'État le versement d'une somme au titre des frais d'avocat, en raison des circonstances de l'affaire.
> "Il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'État le versement d'une somme au conseil de M. A... sur le fondement de l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991."
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 : Ce règlement établit les critères pour déterminer l'État responsable de l'examen des demandes d'asile. L'article 29 précise que le transfert doit être effectué dans un délai de six mois, et que ce délai est interrompu par un recours.
- Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29 : "Si le transfert n'est pas exécuté dans le délai de six mois, l'État membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge ou de reprendre en charge la personne concernée."
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Les articles L. 742-3 et L. 742-4 précisent les conditions de transfert et les droits des étrangers en matière de recours.
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-3 : "L'étranger dont l'examen de la demande d'asile relève de la responsabilité d'un autre État peut faire l'objet d'un transfert vers l'État responsable de cet examen."
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-4 : "L'étranger qui a fait l'objet d'une décision de transfert mentionnée à l'article L. 742-3 peut, dans le délai de quinze jours à compter de la notification de cette décision, en demander l'annulation au président du tribunal administratif."
Ces éléments montrent comment la cour a appliqué les règles de droit en matière d'asile et de transfert, tout en respectant les droits procéduraux de M. A....