Résumé de la décision
M. C. A... et Mme B. D... ont contesté la mise en demeure émise par le maire de Louviers en date du 4 mai 2011 concernant le retrait de constructions modulaires sur leur parcelle cadastrée n° AC 10, suite à un refus de permis de construire. Le tribunal administratif de Rouen a rejeté leur demande d'annulation de cette mise en demeure, et les appelants ont interjeté appel de cette décision. La cour administrative d'appel a confirmé le jugement du tribunal en estimant que la mise en demeure n'était pas une décision susceptible de recours pour excès de pouvoir, ne produisant aucun effet juridique propre. De plus, les demandes de la commune pour infliger une amende pour recours abusif ont été rejetées. En conséquence, M. A... et Mme D... devront verser 1 500 euros à la commune de Louviers en vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Insusceptibilité de recours de la mise en demeure : La cour a précisé que la mise en demeure du 4 mai 2011 ne pouvait pas être considérée comme une décision faisant grief. La cour a indiqué que "la lettre du 4 mai 2011 du maire de Louviers ne produit par elle-même aucun effet qui lui soit propre" et "la méconnaissance du délai d'un mois qu'elle a imparti aux intéressés n'étant susceptible d'aucune sanction" (paragraphe 4).
2. Motivation du jugement : En réponse aux allégations des appelants concernant l'absence de motivation, la cour a affirmé que le jugement était suffisamment motivé en établissant que la mise en demeure n’était pas une décision susceptible d’un recours : "ce jugement est ainsi suffisamment motivé" (paragraphe 3).
3. Condamnation aux frais : La cour a statué que les conclusions de M. A... et Mme D... étaient rejetées et qu’ils devaient supporter une somme de 1 500 euros au titre des frais de justice, précisant que "les conclusions présentées par la commune de Louviers sur le fondement de l'article R. 741-12 du code de justice administrative sont rejetées" (paragraphe 8 et 9).
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 9 : "Les jugements sont motivés." Cette disposition souligne l'obligation de motiver les décisions judiciaires, ce qui a été respecté dans le jugement contesté.
2. Code de l'urbanisme - Article L. 480-5 : Cet article stipule que l'autorité judiciaire est la seule compétente pour ordonner le retrait des constructions en cas de méconnaissance avérée des règles d'urbanisme. La cour a précisé que seul le juge pouvait ordonner un retrait sur cette base, ce qui renforce l'idée que la mise en demeure du maire n'avait pas d'effet direct et n'était pas une décision autonome.
3. Code de justice administrative - Article R. 741-12 : Le juge a le pouvoir d'imposer une amende pour recours abusif, mais c'est à sa seule discrétion. La cour a refusé les demandes de la commune, indiquant que cette faculté demeure un pouvoir propre du juge et non un droit automatique pour les communes dans des situations de litige (paragraphe 7).
Ainsi, la décision de la cour souligne l'importance de la motivation dans les jugements et clarifie les conditions sous lesquelles les actes administratifs peuvent faire l'objet de recours pour excès de pouvoir.