Résumé de la décision
Madame E... D..., de nationalité algérienne, a demandé à la préfète de la Seine-Maritime une réintégration dans la nationalité française et, en attendant, un titre de séjour. Par une décision du 2 septembre 2016, la préfète a refusé d'instruire sa demande, motivant ce refus par l'absence de restitution de documents d'identité français et le manque de justificatifs de nationalité. Un recours gracieux contre cette décision a également été rejeté implicitement. Le tribunal administratif a confirmé ces décisions par un jugement du 16 mai 2019, qui a été contesté par Mme D... devant la cour administrative d'appel. La cour a finalement rejeté la requête de Mme D..., confirmé le jugement du tribunal administratif, et a décidé de ne pas faire droit à ses demandes d'indemnisation.
Arguments pertinents
1. Compétence de l'autorité signataire : La décision du 2 septembre 2016 a été signée par Mme F... C..., qui détient une délégation de signature valide de la préfète. Cela soulève des questions relatives à la compétence mais la cour a confirmé la validité de la signature en indiquant que : « Il n'est pas établi que [les autorités compétentes] n'étaient pas absents ou empêchés. »
2. Motifs du refus : La cour a soutenu que la préfète n'était pas tenue d'examiner la situation personnelle de Mme D... puisque la demande de titre de séjour n’avait pas été instruite due à l'incomplétude du dossier. Ainsi, elle souligne que : « [La préfète] n'était pas tenue d'examiner [la vie privée et familiale] de celle-ci. »
3. Conditions de délivrance du titre de séjour : Selon l'annexe 6-4 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, la préfète est en droit de refuser d'instruire la demande si les justificatifs de l'identité et de l'état civil ne sont pas fournis, ce qui a conduit à la décision en litige. La cour a affirmé : « [La préfète] pouvait donc, pour le seul motif tiré de la carence de Mme D... à produire de tels justificatifs, refuser d'enregistrer la demande. »
4. Inopérants des moyens juridiques soulevés par Mme D... : La cour a constaté que les moyens tirés des violations de l'accord franco-algérien étaient inopérants, étant donné que la décision ne portait pas sur des aspects relevant de cette convention, mais sur l'instruction de la demande de titre de séjour.
Interprétations et citations légales
Les textes juridiques qui ont été appliqués dans cette décision comprennent :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-11 : Cet article relatif aux conditions de délivrance des titres de séjour stipule que la production de documents d'identité est essentielle pour l'instruction de la demande.
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-14 : Cet article traite des règlements concernant les demandes de titre de séjour et impose des conditions au demandeur, notamment la nécessité de fournir des justificatifs.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte stipule les conditions dans lesquelles les frais engagés par un justiciable peuvent être remboursés. La cour a précisé que cet article ne permet pas un remboursement à Mme D..., soulignant que : « Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce qu'il soit mis à la charge de l'Etat le versement à Mme D... d'une somme au titre des frais exposés. »
Ces interprétations montrent que la cour a vigoureusement défendu le fondement légal sur lequel la préfète a pris ses décisions, soulignant l'importance de la conformité aux exigences relatives à l'identité et à la nationalité pour l'instruction des demandes de titre de séjour.