Résumé de la décision
M. F... D..., ressortissant angolais, a demandé l'annulation d'un jugement et d'un arrêté du préfet du Nord ordonnant son transfert vers le Portugal après sa demande d'asile en France. Son visa, bien que périmé, a conduit les autorités portugaises à accepter sa prise en charge. La cour, saisie par M. D..., a confirmé le jugement du tribunal administratif d'Amiens, rejetant ses arguments concernant ses liens familiaux en France et ses qualifications professionnelles. La cour a estimé que le préfet n'avait pas commis d'erreur manifeste d'appréciation en ordonnant le transfert vers le Portugal.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État membre : Selon l'article L. 742-3 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, l'étranger dont la demande d'asile relève de la responsabilité d'un autre État peut être transféré vers cet État. La cour a souligné que cette disposition donne à chaque État la possibilité de transférer un demandeur d'asile lorsque sa demande est sous la responsabilité d'un autre pays.
2. Discrétion de l'État : En vertu de l'article 17 du règlement (UE) n° 604/2013, chaque État membre a la discrétion d'examiner une demande de protection internationale, même si elle ne lui incombe pas. La cour a noté que ce pouvoir discrétionnaire ne constitue pas un droit pour le demandeur d'asile, ce qui réduit sa capacité à contester le transfert.
3. Liens familiaux insuffisants : M. D... a présenté des preuves démontrant sa volonté de maintenir des liens avec ses enfants en France. Toutefois, la cour a jugé que les éléments soumis ne prouvaient pas l'existence de liens stables et durables. La cour a donc décidé que le préfet n'avait pas erré en considérant que ces liens n'étaient pas suffisamment forts pour influer sur la décision de transfert.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-3 : Cet article autorise le transfert de l'étranger dont la demande d'asile est de la responsabilité d'un autre État membre, ce qui justifie le transfert ordonné à M. D... en raison de l'accord des autorités portugaises.
2. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 17 : Le paragraphe 1 stipule que "chaque État membre peut décider d'examiner une demande de protection internationale qui lui est présentée", illustrant la faculté discrétionnaire dont dispose l'État membre. Cette interprétation limite la capacité de M. D... à revendiquer un droit à rester en France, même en vertu de ses qualifications professionnelles et de ses liens familiaux.
3. Absence de preuve de lien familial : La cour a spécifiquement mentionné que les preuves d'échanges de courriels et de tickets de caisse présentées par M. D... n'établissaient pas de contribution effective à l'entretien de ses enfants, renforçant l'interprétation selon laquelle les attaches familiales doivent être claires et substantielles pour influencer une décision d'asile.
En somme, la cour a adhéré à une interprétation stricte des lois sur l'asile, soulignant que les considérations humaines doivent être évaluées à la lumière des faits et des preuves concrètes, tout en respectant les protocoles européen et national relatifs au traitement des demandes d'asile.