Résumé de la décision
Mme E... A..., ressortissante sénégalaise, a contesté un jugement du tribunal administratif de Rouen qui rejetait ses demandes d'annulation d'un arrêté préfectoral et d'une décision implicite de rejet de sa demande de titre de séjour. Arrivée en France en 2014, elle a soutenu que son expulsion porterait atteinte à sa vie privée et familiale, étant donné ses attaches familiales en France. La cour administrative a annulé à la fois le jugement et l'arrêté préfectoral, enjoignant à la préfète de délivrer à Mme A... une carte de séjour temporaire pour "vie privée et familiale" dans un délai de deux mois.
Arguments pertinents
1. Attaches familiales et vie privée : La cour a souligné que, malgré le caractère relativement récent de son arrivée en France, Mme A... avait établi des attaches familiales significatives, notamment à travers la présence de ses quatre enfants et de ses parents vivant en France. Cela a été décisif pour considérer que le refus de séjour porterait atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale.
> "Dans les circonstances particulières de l'espèce et compte tenu de ses efforts notables d'insertion, le moyen tiré de ce que l'arrêté du 8 août 2017 porte une atteinte disproportionnée au droit de Mme A... au respect de sa vie privée et familiale [...] doit être accueilli."
2. Fondement juridique de la décision : La cour a affirmé que la condition stipulée dans le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) pour la délivrance d’un titre de séjour est remplie lorsqu'il est démontré que le refus d'autoriser le séjour aurait des conséquences disproportionnées sur la vie de l’intéressé.
> "La carte de séjour temporaire portant la mention 'vie privée et familiale' est délivrée de plein droit [...] lorsque le refus d'autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée."
Interprétations et citations légales
L’affaire repose sur l’application des dispositions du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) et plus spécifiquement sur :
- CESEDA - Article L. 313-11 : Détermine les conditions d'octroi d'une carte de séjour temporaire pour "vie privée et familiale", précisant que le refus doit être justifié par des motifs sérieux, notamment l’absence de menace pour l’ordre public et l’intensité des liens de l’individu avec la société d’accueil.
- Convention Européenne des Droits de l'Homme - Article 8 : Reconnaît le droit au respect de la vie privée et familiale, soulignant que des décisions administratives perturbant ces droits doivent être justifiées par des raisons impérieuses et proportionnées.
En vertu de ces textes, la cour a conclu que le refus opposé à Mme A... était injustifié au regard de ses liens familiaux en France, constituant une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée.
La décision illustre donc l'importance d’apprécier les circonstances personnelles des requérants dans les cas relatifs à l’immigration et au droit de séjour, tout en respectant les droits fondamentaux inscrits dans la législation nationale et européenne.