Résumé de la décision
Dans l'affaire portée devant la cour, M. et Mme E... ont contesté un jugement du tribunal administratif de Lille qui condamnait l'ONIAM à les indemniser pour les préjudices causés par une infection nosocomiale survenue lors d'une hystérectomie en 2008. En parallèle, la CPAM du Hainaut réclamait le remboursement de ses débours, demande qui a été rejetée. La cour a ordonné une expertise pour déterminer les préjudices et les taux de déficit. Les demandeurs ont ensuite souhaité que la SAS Hôpital Privé Métropole (HPM) Nord soit mise en cause dans l'affaire, ce que la cour a rejeté en raison de l'incompétence de l'ordre juridictionnel. Cependant, elle a statué que cette SAS pourrait être intégrée à l’expertise en tant que sachant, afin de mieux évaluer les préjudices.
Arguments pertinents
1. Incompétence de la cour : La cour a affirmé que les actions relatives aux infections nosocomiales dans des établissements privés ou publics relèvent respectivement de l'ordre judiciaire et administratif. Ainsi, elle ne pouvait accepter que la SAS HPM Nord soit mise en cause dans cette action, car cela dépasserait ses compétences. La cour a précisé : « il n'appartient pas à la cour [...] de mettre en cause la SAS HPM Nord ».
2. Utilité de la SAS comme sachant : Malgré le rejet de la mise en cause, la cour a reconnu la pertinence de la SAS HPM Nord dans le cadre de l'expertise. Elle a souligné que « les pièces du dossier médical de Mme E... [...] peuvent être utiles à l'expert pour le bon accomplissement de la mission qui lui a été confiée ».
Interprétations et citations légales
La décision repose sur une interprétation claire des compétences respectives des ordres judiciaires et administratifs. En effet, les articles applicables du Code de la santé publique et du Code de justice administrative définissent ces compétences.
- Compétences concurrentes : Selon le Code de la santé publique, les infections nosocomiales peuvent donner lieu à des recours tant judiciaires qu'administratifs, mais des personnes salariées dans des établissements privés font partie des considérations juridiques spécifiques. Cela amène à conclure que les préjudices subis par M. et Mme E... doivent être pris en compte uniquement dans le cadre de l'ordre administratif pour les événements survenus au centre hospitalier de Valenciennes.
- Droit d’action : Le conseil d'établir un lien entre les deux infections (2008 et 2011) est un point crucial et cela a été traité avec prudence par la cour, laquelle a décidé que « le présent arrêt ne fait pas obstacle au droit pour toute partie [...] de saisir le juge des référés de l'ordre judiciaire d'une demande tendant à ce que soit ordonnée une expertise ».
Cette décision établit un précédent important pour traiter des infections nosocomiales et clarifie les délimitations entre les responsabilités des établissements de santé selon leurs statuts juridiques, permettant ainsi au système juridique d'opérer plus efficacement dans ce domaine sensible du droit de la santé.