Résumé de la décision
La cour a examiné la requête du préfet de la Seine-Maritime qui contestait un jugement du tribunal administratif de Rouen annulant son arrêté du 18 août 2017. Cet arrêté refusait à M. A...D..., un ressortissant angolais, la délivrance d'un titre de séjour et lui imposait de quitter le territoire français. La cour a rejeté la requête du préfet, confirmant que l'arrêté portait une atteinte disproportionnée aux droits de M. D... au regard de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme. En conséquence, la préfète est condamnée à délivrer à M. D... une carte de séjour temporaire d'un an.
Arguments pertinents
1. Droits au respect de la vie privée : La cour a souligné que "l'arrêté contesté de la préfète de la Seine-Maritime a porté à son droit au respect de sa vie privée une atteinte disproportionnée aux buts en vue desquels il a été pris". Cet argument repose sur l'idée fondatrice selon laquelle un étranger, ayant établi des liens sociaux et professionnels significatifs, ne peut pas être expulsé sans une justification adéquate de la part de l'administration.
2. Éléments d'intégration : La cour a mis en avant le parcours d'intégration de M. D..., qui, malgré son statut de célibataire et ses contacts dans son pays d'origine, a démontré une réelle volonté de s'établir et de contribuer à la société française, ce qui renforce la protection de sa vie privée.
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme : Cet article garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. La cour a interprété cet article comme impliquant que les décisions administratives doivent tenir compte des liens personnels et de l'intégration sociale de l'individu. La cour a noté que "l'arrêté contesté [...] méconnaît ainsi les stipulations de l'article 8".
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Ce code régit les conditions d'entrée, de séjour et d'expulsion des étrangers. La cour a appliqué les principes issus de ce code pour établir que, dans le cas de M. D..., les conditions de son séjour en France et son intégration sociale justifiaient une régularisation de son statut.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Cet article stipule les dispositions concernant l'aide juridique. La cour a décidé que l'État devait verser une somme de 800 euros à l'avocat de M. D... pour couvrir les frais de procédure, ce qui démontre un soutien au droit à une défense efficace.
En résumé, la décision prise par la cour s'appuie sur des principes forts de protection des droits individuels, associés à une reconnaissance de l'effort d'intégration d'un étranger en France et à une appréciation équilibrée des intérêts en jeu dans sa situation personnelle.