Résumé de la décision
La cour a examiné la requête du préfet du Pas-de-Calais, enregistré le 13 mars 2018, visant à annuler le jugement du tribunal administratif de Lille du 30 janvier 2018, qui avait annulé un arrêté de transfert de M. B..., un ressortissant sénégalais, aux autorités italiennes, ainsi que sa retenue administrative. M. B... avait été interpellé en janvier 2018 alors qu'il tentait de rejoindre la Grande-Bretagne. La cour a finalement rejeté la requête du préfet, confirmant que l’arrêté du 1er janvier 2018 était illégal.
Arguments pertinents
1. Absence de correspondance des données d'empreintes : Le préfet affirme que les empreintes de M. B... relevées lors de son interpellation le 1er janvier 2018 correspondaient à celles déjà enregistrées en France et en Italie. Cependant, il ne présente pas le relevé Eurodac clé, qui est le seul document capable d'établir sans équivoque l'identité et le transfert des données. La cour souligne : « le préfet ne produit pas le relevé Eurodac [...] alors que ce relevé est le seul document permettant de rattacher ces données sans équivoque à une personne spécifique. »
2. Inobservation des règlements européens : La cour rappelle que le préfet a méconnu les dispositions des articles 9 et 24 du règlement (UE) n° 603/2013. Cela implique que la responsabilité de l’asile doit être fondée sur un lien direct et prouvé entre le demandeur et l'État membre où la demande a été initialement faite, comme l’illustre le fait que « l'Italie [ne peut] pas être tenue pour responsable de la demande d'asile de M. B... » sans les preuves adéquates.
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 603/2013 – Article 9 : Cet article impose aux États membres de relever et transmettre les empreintes digitales des demandeurs d'asile. Il souligne l'importance de la traçabilité et de la vérifiabilité des données des demandeurs, où il est stipulé que « chaque État membre relève sans tarder l'empreinte digitale de tous les doigts de chaque demandeur d'une protection internationale ».
2. Règlement (UE) n° 603/2013 – Article 24 : Ce texte aborde notamment la nécessité de rattacher des données à une personne spécifique. La cour note que le numéro de référence « permet de rattacher sans équivoque des données à une personne spécifique et à l’État membre qui a transmis les données », établissant ainsi la procédure nécessaire pour assurer que les informations soient traitées de manière correcte et conforme.
Ces articles sont essentiels dans le cadre de l'analyse des demandes d'asile et des décisions de transfert, en soulignant la rigueur nécessaire dans la gestion des données des demandeurs pour prévenir les erreurs dans l'application du règlement. La cour a donc jugé que l’absence de documentation appropriée pointait vers une décision fondamentalement erronée du préfet, entraînant le rejet de sa requête.