Résumé de la décision
M. D...C..., ressortissant congolais, a déposé une demande d'asile en France après être entré irrégulièrement sur le territoire. Suite à une demande de reprise en charge par l'Italie, le préfet du Pas-de-Calais a décidé de transférer M. C... vers ces autorités, décision annulée par le tribunal administratif de Lille. Le préfet a ensuite fait appel de cette annulation. La cour a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur la requête du préfet, puisque le jugement avait été inexécuté pendant plus de six mois, rendant la décision de transfert illégale et plaçant la France sous l'obligation d'examiner la demande d'asile.
Arguments pertinents
1. Inexécution de la décision du tribunal administratif : La cour souligne que le jugement du tribunal administratif du 26 juillet 2017 a été notifié le 7 août 2017 et est resté sans exécution pendant plus de six mois. Cela constitue une violation des obligations mises en place par le règlement européens sur les demandes d'asile et affecte le statut de l'État requérant.
> "La décision de transfert de M. C... ne peut plus, dès lors, être légalement exécutée et la France doit examiner sa demande d'asile."
2. Interruption du délai de transfert : Le jugement du tribunal a pour effet d'interrompre le délai de six mois fixé au règlement. Ainsi, ce délai a recommencé seulement après que le tribunal a statué sur la demande.
> "L'introduction d'un recours devant le tribunal administratif contre la décision de transfert a pour effet d'interrompre le délai de six mois."
3. Responsabilité de l'État requérant : Avec l'échec du transfert dans le délai imparti, la France devient responsable de l'examen de la demande d'asile de M. C...
> "Son expiration a pour conséquence qu'en application des dispositions du paragraphe 2 de l'article 29 du règlement précité, l'État requérant devient responsable de l'examen de la demande de protection internationale."
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29 :
- Ce règlement établit les conditions dans lesquelles un État membre peut transférer un demandeur d'asile à un autre État membre. Le paragraphe 1 nécessite que le transfert s'effectue dans un délai de six mois.
- Les conséquences de l'expiration de ce délai sont explicites :
> "Si le transfert n'est pas exécuté dans le délai de six mois, l'État membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge ou de reprendre en charge la personne concernée."
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-4 :
- Cet article fixe les règles de recours en cas de décision de transfert, précisant que l'étranger peut contester la décision dans un délai de quinze jours.
- Les délais d'instruction par le tribunal sont cruciaux pour définir la responsabilité de l'État.
> "Le président ou le magistrat qu'il désigne à cette fin (...) statue dans un délai de quinze jours à compter de sa saisine."
3. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-5 :
- Précise que l'exécution de la décision de transfert est suspendue tant qu'aucune décision définitive n'est prise.
> "La décision de transfert ne peut faire l'objet d'une exécution d'office ni avant l'expiration d'un délai de quinze jours (...) ni avant que le tribunal administratif ait statué."
La combinaison de ces dispositions montre que la protection des droits des demandeurs d'asile est un principe fondamental dans le cadre des procédures d'examen des demandes de protection internationale.