Résumé de la décision
M. D... B..., ressortissant guinéen, a contesté un jugement du tribunal administratif de Grenoble qui rejetait sa demande d'annulation de deux arrêtés du préfet de la Haute-Savoie, datés du 5 avril 2018. Ces arrêtés lui imposaient une obligation de quitter le territoire français sans délai, assortie d'une interdiction de retour de six mois, et l'assignaient à résidence pour quarante-cinq jours. M. B... a soutenu que ces mesures portaient atteinte à sa vie familiale et privée, ainsi qu'à ses droits en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme et de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant. La cour a confirmé le rejet des conclusions de M. B..., considérant que les mesures du préfet n'étaient pas illégales et n'entraient pas en contradiction avec ses droits.
Arguments pertinents
1. Absence de nouveaux éléments : M. B... a réitéré ses arguments sur l'atteinte disproportionnée à sa vie privée et ses circonstances familiales, sans apporter d'éléments nouveaux. La cour a considéré ces réclamations comme insuffisantes pour remettre en cause les décisions administratives initiales. Elle a statué : « En se bornant à se prévaloir de ces éléments, M. B... n'invoque pas des circonstances humanitaires susceptibles de justifier qu'une interdiction de retour sur le territoire français ne soit pas prononcée à son encontre. »
2. Erreurs d’appréciation : Le préfet a jugé que M. B... représentait une menace pour l'ordre public, ayant déjà fait l'objet d'une précédente mesure d'éloignement. La cour a conclu qu’il n’y avait pas eu d’erreur manifeste d’appréciation, affirmant : « Dans les circonstances de l'espèce […] le préfet de la Haute-Savoie n'a pas, en fixant à six mois la durée de l'interdiction de séjour, entaché sa décision d'une erreur d'appréciation. »
3. Meilleure intérêt de l'enfant : Concernant l'argument de l'intérêt supérieur des enfants de M. B..., la cour a estimé que les faits exposés ne permettaient pas de conclure à une violation des droits de l'enfant, notant : « Les circonstances dont il est fait état ne permettent pas de considérer que la mesure en litige méconnait l'intérêt supérieur des enfants de M. B... »
Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-1 : Cet article précise que l'autorité administrative peut assortir une obligation de quitter le territoire d'une interdiction de retour pour des motifs d'ordre public et d'évaluation de la dangerosité de l'individu. La décision stipule : “L'autorité administrative, par une décision motivée, assortit l'obligation de quitter le territoire français d'une interdiction de retour [...] lorsque aucun délai de départ volontaire n'a été accordé à l'étranger”.
2. Convention européenne des droits de l'homme - Article 8 : Cet article garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. La cour a jugé que cette protection ne s'appliquait pas de manière absolue, notamment lorsque des considérations d'ordre public étaient en jeu. Ainsi, il a été indiqué que "l'interdiction de retour […] ne méconnait pas l'intérêt supérieur des enfants".
3. Convention internationale relative aux droits de l'enfant : L'article 3.1 de cette convention stipule que "dans toutes les actions concernant les enfants, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale". La cour a utilisé ce standard pour évaluer si l'intérêt de l'enfant était réellement en danger dans le cadre de la décision du préfet, concluant que ce n'était pas le cas dans les circonstances fournies par M. B...
Ces interprétations montrent la manière dont les normes juridiques internationales et nationales peuvent interagir tout en étant poussées par des considérations pratiques relatives à l'ordre public et à la sécurité nationale.